Obscénités politiques | « La belle vie »

C’est par hasard : je tombe sur cet article du Devoir déjà ancien que j’avais archivé et que je relis. Il a sans doute le mérite de la clarté et d’exprimer avec force et violence tout ce que contiennent les discours de tous bords sur la valeur travail et plus généralement, sur ce que doit justifier une existence aux yeux de la collectivité. À distance — d’un pays, d’un contexte, des noms qui me sont tous inconnus, fabriquant comme une patine fictionnelle — se révèle ce qui structure les pensées d’ici qui sont les mêmes partout quand les mêmes logiques sont à l’œuvre : alors, sous le phrasé journalistique se fait entendre la musique implacable d’une guerre menée contre la vie même, dans ses propres termes.

Dans nos jours, ici, ces phrases résonnent. Elles ont le mérite aussi de s’éclairer par le soubassement raciste et par la menace (l’appel aux lendemains, à la douleur) : elles disent ce qui importe quand on est à la barre, qu’on se dit « responsable » ; qu’on se prétend du bon sens.

Face à l’obscénité, il n’y a même pas à rappeler le Plutôt la vie de Breton ; seulement à lire ces phrases, dans la rage tranquille que l’époque suscite sans effort, et s’organiser en conséquence pour mettre en déroute ce monde au nom même de la dignité requise face aux insultes.