arnaud maïsetti | carnets

Accueil > JOURNAL | CONTRETEMPS (un weblog) > Jrnl | Des restes d’une espèce de larme

Jrnl | Des restes d’une espèce de larme

[25•09•21]

dimanche 21 septembre 2025


Les yeux sont entourés des restes d’une espèce de larme.

Pascal Quignard, Petits Traités I, 1977

Le soleil tombe comme si c’était de la pluie : par hasard et quand il heurte le sol, c’est trop tard. Dimanche heurte la surface des pensées sans les entamer, en profondeur passe des formes trop vagues pour qu’on puisse les saisir, aveugles et sourdes, dérivant à même la vase sans jamais rejoindre quoi que ce soit, bientôt avaler par un monstre sans nom. D’immenses épaves deviennent des coquillages. Le bruit qu’il fait ici n’a pas d’importance. Les larmes salées se confondent avec le monde ; elles font sur les plaies des douleurs qu’on ne peut pas dire, sauf dans les rêves, quand on est seul.

La capacité d’acceptation de l’image : infinie. On les reçoit comme si c’était de la lumière et qu’on était un arbre : on est un arbre, et la lumière tombe aussi, plus féroce que la pluie, plus lente que l’eau, et on regarde alors : le monde qui se fabrique ainsi image après image, hurlant.

À quoi bon de nouvelles lois qui décrivent comment les corps tombent, si seules importent les lois qui prescrivent comment tomber à genoux : les mots de Brecht, ce jour-là, tombèrent encore plus lourdement que la pluie, que dimanche et ses larmes, que la lumière et la nuit ensemble.