arnaud maïsetti | carnets

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et demain sera jour (bien tôt)

mercredi 3 juillet 2013


les routes qu’on prend pour la première fois en se disant je la prendrai mille fois peut-être, et des yeux, ainsi, comme cela, on dépose en pensée les cailloux blancs qui serviront à rentrer, chaque jour, le lendemain, et plus tard, sous la pluie, la nuit, la neige, tout cela, mais pour l’instant je ferme les yeux à cause de la lumière, et grâce à elle (je me répète grâce à elle en la désirant grâce, en me sachant de nature accordé à cette puissance là : grâce et nature ensemble liées comme l’inquiétude au père)

beaucoup d’odeurs d’herbes, dans le chemin qui fraie après le parc jourdan le long de la voie de chemin de fer, c’est un raccourci, je ne sais pas où il mène : il y a des orties et des épines, je tends les mains sur la blessure, sa promesse, et mes cheveux trempés ne saignent pas pourtant.

lire les carnets de voyage, aller.

regarder les écritures sur les murs, les violences les beautés l’obscénité et la tendresse à la fois, les splendeurs parfois, l’envie de poser les mains sur cela pour en saisir le secret, se dire : je saurai écrire cela dans les phrases, quand il le faudra.

se baigner dans vingt-deux degrés.

écouter les voitures loin qui s’éloignent au Nord.

longtemps rêver sur les entrées maritimes de minuit, dans la ville chaude, près du port.

se poser sur le sol et se voir racine d’abricotier, en manger la chair encore un peu dure, mais sucrée comme du sucre.

et lire la phrase : "demain sera jour" : face à ces mots, être persuadé que cela est vrai de toute éternité, et pour demain aussi – dormir pour cette éternité là, de s’y éveiller bien tôt.