arnaud maïsetti | carnets

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cette nuit d’orage (qui ne vient pas)

jeudi 1er août 2013


C’était en me perdant dans les rues qui tournent autour de *** que cette image m’est venue, longue et sereine, et sans durée, et sans bruit : la mer est pleine d’oiseaux morts.

J’ai lu :

Es-tu dehors par cette nuit d’orage, poursuivant ton voyage amoureux, mon ami ? Le ciel gémit comme un au désespoir.
Je n’ai pas sommeil cette nuit, mon ami. À tout moment j’ouvre ma porte et je scrute les ténèbres.
Je ne distingue rien devant moi, et je doute où passe ta route !
Sur quelle obscure rive du fleuve d’encre, sur quelle distante lisière de la menaçante forêt, à travers quelle perplexe profondeur d’ombre, cherches-tu ton chemin pour venir à moi, mon ami ?

La Chaleur ralentit tout, les gestes et les peurs, la nuit on se réveille plusieurs fois, elle dure plus longtemps, et le matin, on respire à peine – la douche brûlante pour mieux éprouver la fraicheur ensuite, et immédiatement après, la lenteur de nouveau, dix heures est une fournaise, onze heures irrespirable, et il en reste dix ensuite, onze, avant de s’éveiller mille fois : chaque minute fait peser sur le temps sa durée entière, c’est bien, on est vivant.

J’ai lu :

Il n’a pas plu depuis des jours et des jours, ô mon Dieu, dans mon cœur aride. L’horizon est férocement nu — pas la plus fine ombre de nuage, pas la plus petite allusion à quelque fraîche distante averse.
Envoie ton orage en courroux, sombre et chargé de mort, si tel est ton désir, et à coups d’éclairs sillonne le ciel de part en part.
Mais rappelle à toi. Seigneur, rappelle à toi cette affreuse chaleur, perçante et cruelle, qui pénétre sans bruit dans mon cœur et y desséche tout espoir.

j’ai refermé le livre, pour toujours, certain d’être préservé désormais de ce sortilège, le livre nommait la contre-vie et j’en possédais tous les contre-poisons : contre la sécheresse, contre l’affreux et la perte ; le téléphone a sonné.

Lentement quand je l’ai reposé, j’ai pensé aux orages sur Vinales, ceux qui tombent sur la vie et ruissellent sur le visage, j’ai pensé à ces orages et j’étais auprès d’eux.