arnaud maïsetti | carnets

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la déchirure du ciel (ode & cataclysme)

mardi 26 novembre 2013



soudain le ciel percé, mais je ne sais pas, je voudrais que ce soit aussi les nuages qui de ce côté de la vie où nous sommes, percent et déchirent ; alors c’est le cas aussi.

le cri du ciel quand il s’ouvre — et que je me penche, lentement, vers ce qui s’ouvre, comme de boire, mordre mais non pas la poussière, quelque chose qui serait l’envers de la poussière, et sur les tableaux des vanités, l’envers de la poussière est une mèche de cheveux, je crois, laissée libre.

si je prends dix fois la même image, c’est à cause de l’espace entre chacune d’elle, le temps de la respiration qui les fait basculer, d’une image à l’autre, où la vie s’engouffre, et c’est à cause de la vie — non pas à cause, mais en raison d’elle —, la vie passée d’une seconde à l’autre par le geste de la main, comme au début d’un film, le corps déposé sur l’autre le fait advenir, je le sais maintenant.

bruits de galop au loin, les cavaliers près de Notre-Dame (le 1er escadron de la Garde Républicaine) — là-bas la douceur de la main d’un éleveur de chevaux du Moyen Âge, qui danse avec les souvenirs, et la lenteur des gestes, la justesse de chacun.

je suis aussi, en moi, l’auteur de ces vies au loin qui passent, passeront, quand sur le bord des routes je vois s’éloigner ceux qui frôlent et s’écartent, les corps qui s’ajustent à eux-mêmes tandis qu’au loin il faut gagner ses rivages, lentement, une vague après l’autre ; et là-bas : toute la beauté de ce qui va.

du ciel déchiré par les arbres nus — je regarde, bouleversé, les feuilles qui s’y attachent encore : ce n’est pas une allégorie —, se tenir au pied pour attendre le soleil, jusqu’à comprendre qu’il n’y a pas à l’attendre, que ne tient qu’à nous la force de l’approcher sur nous, d’un seul geste, un seul,


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