arnaud maïsetti | carnets

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les espérances

lundi 2 juin 2014



Combien, ô voyageur, ce paysage blême
Te mira blême toi-même,
Et que tristes pleuraient dans les hautes feuillées
Tes espérances noyées !

Vrln


Ni les pages d’Artaud sur Van Gogh, ni la fatigue, ni aucun vent d’aucun ailleurs, comme quelques notes d’Alice Lewis, et le mot blême, dans le rêve, le mot paysage blême si précis qu’il se détachait du récit comme l’advenu d’un poème qui aurait été écrit pour que je le lise, le mot fantôme, la frappe du mot fantôme quand il s’agit de l’imaginer frapper à la porte, l’image du lait répandu sur le sol et moi à genou avec mes mains travaillant à en remettre chaque goutte dans la carafe de verre brisée, ni la pensée au réveil qu’il était tard et que le jour ne se lèvera pas, ni l’adresse perdue des maisons anciennes où j’ai vécu, ni le sens des combats, ni la cruauté de certaines tempêtes quand elles lèvent le mot de récit au lieu de ce qui se tait, dans la chambre soudain immense quand il faut marcher au milieu d’elle et que cette chambre est seule avec moi, ni le désir de récits sauvages comme la pluie loin qui s’effondre sur le toit qu’il aurait fallu bâtir de nos mains