arnaud maïsetti | carnets

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canal saint-martin

samedi 5 décembre 2009

à hauteur de pavés, la ville à plat me semble comme posée sur une plaque mouvante, et chaque geste que je pourrais faire risquerait de la déplacer, à gauche ou à droite, ou la renverser. alors, je ne bouge pas, je ne respire plus, je ne pense même pas : je regarde.

la pluie tombe plus lentement, plus lourdement ; le noir qui descend pour entourer les réverbères, s’il me voyait, pourrait m’absorber, mais il ne m’a pas encore aperçu, caché derrière les derniers pavés du canal saint-martin, et je peux scruter à mon aise la manière qu’a la nuit pour se lever.

mais je finis par tourner la tête, sans raison, parce qu’avec le temps je me sens intouchable, et tout bouge dans la seconde, tout tremble et se déverse. alors, se sachant démasquée, la nuit tombe soudainement, et je suis soufflé comme une bougie dans le noir dense qui me cerne et me fait tomber avec les dernières lumières du dernier jour.