arnaud maïsetti | carnets

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le poids du ciel

dimanche 6 août 2006


Presque sans cesse le dépôt de la nuit sur les jours et la peau. Dans l’eau les rides se rassemblent pour se tenir chauds et sur le visage aussi la vieillesse creuse son trou. C’est la fin des âges. Moi je suis encore jeune ; et j’ai vécu toute ma vie passée – soyez en sûrs. Avant c’était le passé. Maintenant non. Quoique. L’instant déposé n’est plus aussi assuré que celui qui le précède. Je suis pour le moment le visage trempé et mes doigts essuient chacun de mes mots. Je suis pour le moment seul – oui. Sans personne à qui parler et sans doute*. La peur n’est pas installée. Elle tourne autour de moi, elle attend que le trou aménagé pour elle dans mes pupilles commence à se creuser. Elle pense qu’elle n’attendra plus bien longtemps. Juste le temps que la nuit s’étende et au hasard essaime ses gouttes de torpeur. Pour ne plus respirer elle prend son temps. Mais c’est moi qui ne respire plus. Et qui cherche dans l’air, l’air qui manque à mes poumons. Je croyais tourner autour des vides quand les vides perforent chaque pore de ma peau. L’air est[ rempli de ce vide qui me remplit à mon tour et voilà le cycle de la vie. La fuite est mortelle. J’ai pourtant longtemps depuis toujours dans la ville. Oui j’ai fui sans cesse et presque sans respirer*. Mais la nuit toujours m’a rattrapé. Que peut-on faire face à cela. Quand le temps ploie si fort sur moi qu’il devient de la pluie et du noir secrété en forme de pluie noire et pénible. Alors je ploie sous le ciel – et le temps prend le dessus. Il y a deux couches de ciel : l’une surmonte les nuages – elle est plus lourde que celle qui dessous sépare la terre des nuages. C’est une lutte formidable. Ça craque de toutes parts et ne cède pas. Sauf sur moi. Sur nous tous. Alors si fatigués tellement. Mais moi je n’aurai plus jamais peur.