arnaud maïsetti | carnets

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où la brume vague

mercredi 25 janvier 2017


Où la brume vague évoquait un grand
Fantôme laiteux se désespérant
Et pleurant avec la voix des sarcelles
Qui se rappelaient en battant des ailes
Parmi la saulaie où j’errais tout seul

P. Verlaine, Promenade Sentimental


The National, You Were A Kindness

Ce serait donc cela, l’image de l’année qui s’ouvre ; on l’espère neuve, on la désire vibrante, et on trouve le soir, sur son téléphone, des images prises à mon insu qui la désignent mieux qu’un horizon de ciel.

Il faut accepter les augures sans s’y résigner : on avancera dans cette brume ; est-ce qu’on a le choix ? Bien sûr : on a le choix de renoncer aussi, on a le choix d’acquiescer aux troubles et aux flous, aux contours incertains, aux destructions possibles, aux défaites probables : mais on a le choix aussi de vouloir passer à travers les brumes brumeuses.

Les printemps s’annoncent mornes, et les étés secs, les automnes semblables aux hivers déjà là : et il faudra aller aussi, dans ces brumes qui se lèvent et nous entourent. Le signe que je reçois, le soir venu, est aussi pour les jours qui ne comptent que sur nous, et qui dépendent seulement de ce que l’on en fera. Regardant de nouveau et longuement, pensif, ces images prises malgré moi, je perçois étrangement, au contraire d’un trouble, plutôt un point qui se fait, ne cesse de se préciser, va fatalement se faire au-delà de l’image.