arnaud maïsetti | carnets

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autoportraits

lundi 21 décembre 2009

Ombre portée de soi — à bout de bras sans doute — par les murs qui dressent la ville de froid tout autour. Ombre à distance de toute reconnaissance et dont la lumière du soir seule détient les lois de l’écart, de la hauteur, de la profondeur peut-être.

Sur la surface d’un miroir, on ne reconnaît de son visage que ce qui fait défaut : c’est qu’on se heurte toujours au plein des formes, jamais au visage extérieur qui est celui de son rêve.

Alors, je choisis au hasard les murs et place mon corps en travers de la lumière pour me fabriquer des miroirs : ce sont souvent des trottoirs, et mon ombre qui se répand s’étale et désire s’échapper sous le sol : je marche sur mon ombre comme je l’écris, un mot après l’autre déchirant ce qui l’approche.

Mais quand ce sont des murs devant moi, comme ce soir-là, je reconnais mieux la verticalité des pierres qui est la véritable silhouette de ma pensée. Visage de soi portée en-deçà de la simple reconnaissance : je lis mieux l’attitude, et moins la pose : dans la violence de la projection, le flou des contours trace la ligne la plus envahissante — et la plus juste — de mes autoportraits.