arnaud maïsetti | carnets

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arrière-monde

samedi 26 décembre 2009

En retrait, les formes parfaites du monde, telles qu’on n’ose pas les rêver : le fond qui donne corps à ce qui au-devant est la réalité des choses. Loin derrière, c’est l’appui nécessaire, c’est la toile sur laquelle repose tout.

En avant, les détails se détachent : on voit la vie possible, on reconnaît les récits dans lesquels nos vies ont un sens, une raison de se frayer entre.

Et quand je me place un cran en avant encore, que je vois de l’extérieur l’avant et l’arrière monde, que je me saisis de cette vue d’ensemble dans le tremblé de la nuit noire, je me retrouve soudain dans la matière même du noir, et je compose comme je le veux les formes qui donnent sens au réel.

Je souffle sur mes doigts, et je repeins les violences du monde, je suis l’une d’elles, je suis pour une seconde le souffle et le mouvement de mes doigts : je suis la seconde et le soleil au loin dans la nuit sale — je suis la conscience endormie de la ville ; je veille sur elle.