arnaud maïsetti | carnets

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comme au sommeil

samedi 24 juillet 2021

Que faut-il ?
Se préparer à la vie future comme au sommeil.
Il est encore temps.
Demain, il sera peut-être trop tard.

Nerval, Pensées


Rêve dense, incompréhensible, interrompu, qui se poursuivait d’un réveil à l’autre toute la nuit — long couloir, portes qui n’ouvraient que sur des portes, sauf que c’était dehors, la rue le soir, que les bêtes s’approchaient dans le dos, qu’elles se jetteraient sur moi si je me retournais — au matin, la fatigue plus grande qu’au coucher d’avoir traversé ce couloir, la ville entière, souffle rauque sur la nuque : dehors, le vent s’était levé dans le ciel lourd sur le point de crever, ce qu’il ne ferait pas.

L’été renvoie d’autant plus à nos enfances qu’elles sont perdues, qu’elles reviennent pour cela et cela seulement : qu’on sache qu’elles sont perdues. Alors, c’est l’été aussi qui semble perdu, quand bien même se déploie-t-il là, devant nous, dans le cri des cigales, la chaleur, la lenteur des soirs : l’été dans le pli de l’année qu’il marque, témoigne aussi d’une fin. Les deuils s’accomplissent. Le soleil les rend d’autant plus accablants, l’indifférence du temps qui passe sur nous comme une charge d’animal.

L’image sur quoi se fermait le rêve paraît indubitable : l’eau montait, à même la ville, mais par en haut ; il ne pleuvait pas, l’inondation prenait lentement, par le ciel, on savait bien qu’il fallait creuser, on n’avait que nos doigts, je m’asseyais, j’attendais que les bêtes se jettent sur moi pour me délivrer.