arnaud maïsetti | carnets

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essai de formulation du jour

mercredi 9 septembre 2009

(à la main, le corps qui résiste à la phrase ; le corps qui empêche — et de l’empêchement ainsi éprouvé, dans la main, le bras, jusqu’au crâne, ce qui s’écrit serait moins la phrase que l’empêchement surmonté, ou plutôt évité, les routes qu’on a prises pour lui fausser compagnie. À la main, la douleur du crâne qu’on échange un temps avec la formulation du jour : monnaie de singe)

« On se réveille dans le noir et ça ne change rien. Le noir des yeux fermés se change en noir de la chambre étalé devant les yeux ouverts. Face à soi, on ne trouve qu’un mur noir coulissant du soir sur le jour, l’opacité invisible de la nuit encore. De l’autre côté de la fenêtre, le bruissement continu du dehors, du matin qui va commencer sur le soir presque achevé. Le commencement se heurte pourtant à son imminence. Le matin n’a pas encore eu lieu — on se retrouve quelque part jeté dans le jour ; assignation du matin qui tarde ; non-lieu à statuer.

(...) En soi une voix pourtant. En soi la voix qui commence, qui dit état des lieux du réel, faire l’état des lieux du réel, maintenant. La voix qui vient du rêve : non, plutôt la voix du rêve qui continue, mord sur le jour pour dire : et trancher — état des lieux du réel ; on n’y échappera pas, d’ailleurs la voix continue et répète la phrase.

(...) On vient de se réveiller et la voix lance, comme une douleur ; au juste, impression d’emblée que c’est la voix qui nous a projeté là, et qu’on se trouve réveillé par cette phrase, mauvaise alarme qui ne cesse pas. (...) »