arnaud maïsetti | carnets

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chemin de cairns

mardi 23 août 2011


Sea Of Love (Cat Power)


Celui qui peint l’amer au front des plus hauts caps,
Celui qui marque d’une croix blanche la face des ré

Saint-John Perse (Amer)


Sur les champs des cairns, les directions multiples. Mais sur le sol, pas de chemin. Et de l’autre côté de la ligne de crête, l’horizon n’est que du ciel, éparpillé. C’est le temps incertain, celui des nouveaux projets, des rentrées par centaines, des routes qui s’ouvrent. Comment s’orienter.

Amer, c’est le long de la côte le sommet des églises blanches qu’on peint en noir pour être vu de la mer, par gros temps. Un phare rudimentaire, planté au point haut de la terre. L’amertume, ce goût de sel sur les lèvres quand les vagues sont trop hautes, et que d’amer, on ne voit que la blancheur des vagues, qui entraînent droit sur les rochers.

Ces prochaines semaines : sur le champ des cairns innombrables. Il faudra prendre le risque de ne pas trop suivre les pistes – derrière, le nuage est fabriqué de vide, la chute de l’autre côté me paraîtrait presque désirable, un long corps blanc. Avancer là, peut-être, confondre les pierres avec les directions. Il y en a autant que des poussières. J’ai ramassé un caillou au hasard, l’ai posé sur un autre, c’est comme une ligne après l’autre – c’est comme un désir après l’autre, embrassé d’un regard. Je m’éloignerai bien, laissant seulement derrière moi le bruit de pierre qui heurte la surface vive de l’eau.