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n’habite pas (encore) à l’adresse indiquée

dimanche 18 octobre 2009

Devant une porte murée, on ne voit ni la porte, ni le mur, mais les jointures ; ce qui délimite les frontières d’un passage — au-delà, il n’y a rien, pas une pièce, ni une chambre : un mur qui se prolonge, voilà tout.

C’est devant la plainte qu’on sent le mieux la fatigue : accroché au-dessus de la porte murée, il y a le numéro, là seulement pour signaler son inutilité ; le chiffre qui souligne que l’endroit n’existe plus comme tel ; on rentre le soir plein de la journée en soi qu’on allonge sur le lit, et le lendemain, quand on se lève, elle est parti avec le rêve — on se plaint de n’avoir pas été plus fatigué pour remplir le jour.

Le mur autour s’estompe : il voudrait avaler la porte, il n’en fait que désigner la résistance, l’audace dont il fait preuve — scandale de la ville morte qui montre ses traces comme si les portes allaient s’ouvrir de nouveau, le contour déjà tracé : le mur ne suit pas l’ouverture, il la précède.