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Peter Handke | « Accorde-toi le soleil »

Joue le jeu. Menace le travail encore plus.

jeudi 31 janvier 2019


Note du 31 janvier 2020

Relire ce texte aujourd’hui — à cause de l’accord trouvé quelques minutes dans le soleil de ce jour, grâce à la grâce arrachée à ces heures.


Note du 10 octobre 2019

Relire ce texte aujourd’hui — puisque le Comité Nobel a eu une pensée pour ce texte, qui suffirait, à lui seul, à toutes les pensées.


Note du 23 avril 2019

Relire ce texte aujourd’hui — pour s’accorder le soleil et s’accorder à lui.


Note du 21 mars 2016

Puisque nous échouons avec tranquillité – soyons à la tâche (relire ce texte aujourd’hui)


Publication le 12 janvier 2012

Ne rien ajouter à ce texte de Peter Handke, réplique de Nova au début de Par les villages lu dans l’essouflement ce jour (et à cette heure, pas encore achevé). Merci à Olivier Guéry pour m’avoir mis entre les mains cette pièce. Et ce passage, donc, pour les incitations portées. Dans ce temps de rétraction prolongée en moi, besoin de passer de plus en plus par le texte tiers : si je publie ici ces textes davantage ces derniers temps, ce n’est pas une façon de m’éviter, mais aussi de me confronter : se lire ici, chercher là les lieux de gravitations plus féroces encore qu’en sa langue. Chercher comme un papillon à se brûler à la flamme pour ne pas avoir à dire peut-être la fascination de la lumière (ensuite, viendra le temps de dire la lumière, la chaleur, la gravitation et les lois miennes qui l’approchent.) Pour le moment : menacer le travail encore plus.


Peter Handke, Par les villages

Joue le jeu. Menace le travail encore plus. Ne sois pas le personnage principal. Cherche la confrontation. Mais n’aie pas d’intention. Évite les arrière-pensées. Ne tais rien. Sois doux et fort. Sois malin, interviens et méprise la victoire. N’observe pas, n’examine pas, mais reste prêt pour les signes, vigilant. Sois ébranlable. Montre tes yeux, entraîne les autres dans ce qui est profond, prends soin de l’espace et considère chacun dans son image. Ne décide qu’enthousiasmé. Échoue avec tranquillité. Surtout aie du temps et fait des détours. Laisse-toi distraire. Mets toi pour ainsi dire en congé. Ne néglige la voix d’aucun arbre, d’aucune eau. Entre où tu as envie et accorde-toi le soleil. Oublie ta famille, donne des forces aux inconnus, penche-toi sur les détails, pars où il n’y a personne, fous-toi du drame du destin, dédaigne le malheur, apaise le conflit de ton rire. Mets-toi dans tes couleurs, sois dans ton droit, et que le bruit des feuilles deviennent doux. Passe par les villages, je te suis.