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« Le nom du temps qui vient : L’Impossible. »

mardi 19 juin 2012


L’Autre Journal, revue si importante dans les années 1980, revient. Ce n’est pas la même, puisque le monde n’est pas le même. Mais c’est toujours Michel Butel qui la porte. Et c’est encore cette énergie neuve, en temps contraires, pour lire et recevoir des paroles à portée de monde.

On en a besoin.

Cela manquait, moi qui n’ai jamais connu L’Autre journal et à qui cette revue cependant manquait.

Je me souviens de ce que disait Julien Coupat à propos du livre L’Insurrection qui vient :si je ne suis pas l’auteur, j’en suis en revanche lecteur. Cela suffisait à revendiquer une part de son écriture.

En recopiant des pages de la revue dans mes carnets, ce n’est pas pour m’en faire l’auteur, mais lecteur, profondément en partage de ces positions occupées par la langue quand elle se place à la blessure politique de notre réel, éventrée par tant de violences ; et qu’on vienne avec la parole, et la beauté, et l’élégance du geste debout pour la dire, cela me suffit pour me sentir auprès de cette revue, plus qu’un lecteur.

Ce livre, aux éditions de la Fabrique (si fort, et dont j’aimerais parler dans mes carnets) — « Toi aussi, tu as des armes » ; sous-titre : ’Poésie & Politique’ (textes de J.C Bailly ; J.-M. Gleize ; H. Jalon, Y. Pagès, V. Pittolo, N. Quintane, entre autres…). Oui, toi aussi. Cela pourrait vouloir dire : moi aussi, mais cela dit seulement : toi aussi, ce territoire de moi qui possède les armes, et s’en sert.

Ces pages ici pour inciter aussi à l’accompagnement de cette jeune revue, dans sa fragilité : objet souple qui, loin d’être livre précieux, platiquement rare, invite à la prise en main rageuse qu’elle porte, à l’emmener avec soi n’importe où, et la donner.

Ci-dessous, le texte manifeste de Michel Butel.


L’éloge de l’art, de l’inédit, de la discorde, de la pensée, de l’espérance, de l’amitié, de l’invention, du désir, de la confiance, de la joie, du génie, de l’amour, de la langue, de la rêverie, de l’élégance, de la solitude, de la bonté ? Oui, je peux l’écrire, je peux l’illustrer. Mais l’éloge de la politique ?

Un mouvement dont s’éprendrait la jeunesse, une gaieté, une ardeur, des phrases drôles et des phrases tragiques pour dire le peu qu’il faut dire. Par exemple cette injonction devenue obscène : Faites de la politique !

Ne respectez plus les puissants de ce monde, admirez de plus impressionnantes personnes.

N’interroger plus les savants de ce monde, palabrez avec de plus sages personnes.

Ne négociez plus avec les influents de ce monde, traitez avec de plus considérables personnes.

Ne charmez plus les séduisants de ce monde, affolez de plus étonnantes personnes.

Faites de la politique !

Racontez de drôles d’histoires et des histoires drôles.

Jouez !

Nous avons inventé un petit objet pour les nuits blanches et pour les jours de fête. Un journal.

Nous lui avons donné le nom du temps qui vient : L’Impossible.

Demandez-le aux kiosquiers, demandez-le aux libraires. Lisez-le, dispersez-le, donnez-le :

Faites de la politique.

Michel Butel.