les espaces vides de la ville — dans les arènes, les cris montent, les animaux hurlent à la mort la mort qu’ils veulent donner sans savoir qu’ils chantent déjà la mort qu’on va leur donner, pour la gratuité du don, la beauté du geste, le sang, le cri du sang quand il va tomber ici, le sable étranglé sous les pas des combattants, les types partout autour qui continuent de pousser les hurlements depuis deux mille ans dans cette arène vide où ce jour de juillet, de pluie, de brume d’automne, je traverse (...)
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Articles
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dans les espaces vides de la ville
13 juillet 2014, par arnaud maïsetti -
légendes de mes corps morts (ciel noir d’images)
24 janvier 2014, par arnaud maïsetti(Puisque ces jours sont impossibles, qu’à courir après eux je n’ai le temps d’arracher un peu de temps qu’en silence, entre deux trajets, et c’est seulement là, dans un bus, un train, une marche d’un bout à l’autre de la ville, que je peux écrire, intérieurement, les pages que je n’écrirai jamais sur des pages, mais ces pages je les porte en moi davantage peut-être que celles que j’ai écrites, alors je l’accepte.
Au temps j’arrache quelques images dont je rêve la légende, silencieuse, qu’ici je dépose pour (...) -
l’insulte faite au chien
2 mars 2015, par arnaud maïsettiSans doute il avait tout essayé : les imprécations silencieuses d’abord, puis les râleries à voix hautes, et très vite les appels et les cris, mais rien n’y fait ; alors le vendredi soir, frapper à la porte, au milieu de la nuit. Poussé dans ces dernières extrémités, il fallait bien faire quelque chose : c’est humain. Mais personne ne répond que le chien, et il n’y a pas de sonnette. Que faire ? Il faut comprendre cet homme.
De l’expression « impossible » pour qualifier un homme : « il est vraiment (...) -
le nom des arbres : comment je tue le temps
12 mai 2015, par arnaud maïsettiJe n’ai jamais su le nom des arbres, ni des bêtes ni des nuages, ni des vents (sauf deux), ni des formes des colonnes dans les églises anciennes, ni des sept Muses et sont-elles sept, ni des théorèmes de géométrie, ni rien qui pourrait me permettre d’aller au milieu des vivants et me croire tel. Je sais qu’il y a des arbres pourtant, et le vent, je le sais parce que l’arbre tremble tout près, mais tout cela me dépossède davantage de mon propre nom, et l’ombre sous mes pas bascule lentement avec le (...)
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François Bon | Du repliement des morts sur la ville
6 décembre 2013, par arnaud maïsettiVases-communicants — longtemps que je m’en étais tenu un peu loin, ces moments de retrait sont parfois des temps d’élan — ce premier vendredi de décembre, proposition de François Bon d’échanger, et c’est grand plaisir de lui ouvrir ces carnets.
Ce soir, il m’envoie ce texte : des hôtels de Cergy, et de la vie insistante des morts. Souvenir me vient alors, assez proche, de cet hôtel à Grenoble, juste un soir avant une audition, et ma crainte parce que j’arrivais après 23h de voir portes closes : mais même (...) -
dans le silence d’écrire
26 juin 2016, par arnaud maïsettiIl n’y a de composition que musicale
Duras
Il faut imaginer la chaleur : insupportable et pesante. Pour rentrer d’Aix vers Marseille, c’est presque trente minutes ; mais à cette heure, il faut parfois plus d’une heure – quand il n’y a pas d’accident à l’entrée de la ville : une fois par semaine, à l’entrée de la ville, ce n’est pas rare –, et le bus est plein, et la lumière aveuglante.
Je m’assois à l’avant, l’homme à la fenêtre semble jeune, plus jeune que moi peut-être ; je ne sais pas. Il gardera le (...) -
jusqu’où la mer échoue
25 septembre 2015, par arnaud maïsettiLa mer ne se retire pas, ici. Elle ne vient pas non plus. Quand elle bat, c’est sur elle-même. Leçon qu’il faut prendre. Dans les insomnies, penser à la mer réveille. Penser au ciel aussi, comme penser à tout ce qui s’échappe de soi entre la mer et le ciel.
Tout réveille, et il faut garder la veille comme le sommeil : à poings fermés, comme une colère contre soi. Journal intérieur de ces nuits tenu en silence.
Reprendre la clarinette. Apprendre à écouter de nouveau son propre souffle. Percevoir que le (...) -
les mots inconnus
19 mai 2014, par arnaud maïsettipasser la main dans ses cheveux. rater sa correspondance. fermer les yeux d’un mort. relire un livre pour la seconde fois. pour la troisième fois. quitter la séance de cinéma au milieu. rester pendant le générique de fin. les rêves volontaires avant de s’endormir. les rituels de conjuration. attendre celle qui ne vient pas ; atteindre cette minute où le retard commence. la première parole du matin. le deuil de son fils (le deuil de son père). la page du milieu. l’agacement que produisent les bruits de (...)
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au lendemain de revenir
19 octobre 2015, par arnaud maïsettiÀ la veille de ne jamais partir du moins n’est-il besoin de faire sa valise ou de jeter des plans sur le papier, avec tout le cortège involontaire des oublis pour le départ encore disponible du lendemain.
F. Pessoa, Poésies d’Alvaro de Campos, Traduit du portuguais par Armand Guibert Partir. Dix jours loin, très loin. Le jour et la nuit renversés, la chaleur, les visages, les langues qui se crient, les rêves endormis, et la fatigue qui emporte, des villes inouïes, le sentiment d’avoir tout laissé (...) -
Respice finem (sous les hurlements d’oiseaux fous)
12 février 2014, par arnaud maïsettiJ’aurai marché lentement dans le soir. La lune est haute, presque ronde. À la verticale des arbres, elle semblerait tomber. Et toujours le cri des mouettes à la mort. Je me serai demandé pourquoi. En rentrant, j’aurai penché pour le soleil, parce que le soleil s’éloigne, elles hurlent. Ou ce sont eux qui le chassent, peut-être. Les mouettes chaque soir rejouent la cérémonie sacrée de la fin d’un monde qui recommence chaque soir de recommencer. Je serai rentré en ralentissant davantage pour en retenir la (...)
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de la surface des choses passées
24 août 2017, par arnaud maïsetti23 août 2017
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et puis rentrer, mais d’où ?
14 septembre 2015, par arnaud maïsetti(jour et texte obsolètes) Les heures, tel un chariot avançant dans la fin du jour, reviennent en grinçant parmi les ombres de mes pensées. Si je lève les yeux de ma méditation, je les sens brûlants du spectacle du monde.
Pessoa, Livre de l’Intranquilité, fragment 322
Que deviennent tous ces jours passés quand on ne les écrit pas ? Tous ces jours ensemble, oui, je le sais : une masse continue de matins et de soirs qui se confondent dans le crépuscule, celui qui les écrit lentement, maintenant. Une (...) -
comment mesurer les tremblements de terre
8 avril 2014, par arnaud maïsettiterra trema — à la surface du verre d’eau posée sur mon bureau, de minuscules vagues soudaines et dérisoires, quelque chose tremble et je ne sens rien. Il est 21h30 à peu près et j’apprendrai plus tard qu’il était en réalité 21h16. C’est sur l’écran de l’ordinateur deux heures plus tard, au moment de m’effondrer, que je lis les nouvelles des journaux en ligne : la terre a tremblé ici, à quelques kilomètres d’ici, pas très loin, tout autour de moi, la terre a tremblé un peu, pas suffisamment pour qu’on la voit (...)
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« Où que je sois encore… | publie.net
20 juin 2012, par arnaud maïsettiRécit
rééd. Publie.net
juin 2012 -
à mains nues (le vieil homme et la moto)
4 novembre 2014, par arnaud maïsetti« La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé. »
Presque oublié l’odeur de la ville après la pluie. Dimanche, pas un souffle de vent — mais depuis lundi, partout dans le ciel ; la grue sur le chantier d’en face à l’arrêt, drapeau déchiré dans tous les sens. Et ce bruit sur le sol chaque seconde de la nuit, irrégulier et toujours plus fort, toujours plus proche. Des rêves à ce rythme-là, mal accordés aux rythmes du corps — des rêves de combats qui vont et viennent, d’une seconde arrêtée au milieu du (...) -
nuage et poussières
26 décembre 2014, par arnaud maïsetticonstellations de mots, sur wordle
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histoires de mes gares
24 avril 2015, par arnaud maïsettiL’attendu n’arrive pas, mais l’inattendu
Euripide
Au pied des gares, les mêmes dalles de béton uniformes et blanches, à Rennes, Bordeaux, Montpellier, Lille, Strasbourg, Tours : toutes les gares que j’ai traversées ont dans mon souvenir la même surface lisse, le même horizon propre qui nous jette dans la ville. Quand on se penchera sur notre décennie, dans cinquante ans, et qu’on regardera la manière dont on a bâti ces sas entre la gare et la ville, on hochera sans doute la tête d’incompréhension, et (...) -
Avignon, journal du silence : de sa fin
24 juillet 2015, par arnaud maïsettiDernier jour, dernier soir ; trois semaines qui s’abattent soudain toutes ensemble – ou comme après la mise aux baquets d’un repas une fois de plus ingurgité, ce sentiment d’une fin de dîner, avec la ville comme la table défaite, les restes dans les plats, et l’envie de remettre à demain le rangement.
Avignon ; partout est à l’heure du bilan – du passé, du passif. Mais ceux qui étaient venus ici chercher des expériences et la transformation, le devenir et l’action collective, intérieure et secrète, qui (...) -
2010 | Séance 4_Images
18 février 2010, par arnaud maïsettiécriture de l’image — cristallisation, condensation, circulations
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Thomas Bernhard | « claquer la porte derrière soi »
10 mars 2017, par arnaud maïsettiThomas Bernhard, Obernathal 1981
(extrait de Une vie, une œuvre (émission de Martin Quenehen), Juillet 2015) C’est toujours le dialogue avec mon frère qui n’existe pas, le dialogue avec ma mère qui n’existe pas ; c’est le dialogue avec mon père qui n’existe pas non plus ; et le dialogue avec le passé qui n’existe pas, qui n’existe plus, qui n’a jamais existé ; c’est le dialogue avec les grandes phrases qui n’existent pas ; c’est la conversation avec la nature qui n’existe pas ; le contact avec des (...)