Le haut étang fume continuellement. Quelles sorcières va se dresser sur le couchant blanc ? Quelles violettes frondaisons vont descendre ? A. R Dawn (The Cinematic Orchestra — ’Man With A Movie Camera’, 2003) Reprendre en l’état — non ; mais retrouver la table et les livres, et les chantiers ouverts (la route que la ville construit, à deux pas d’ici, est un terrain vague défoncé, je l’ai vu à mon arrivée hier ; je prendrai des photos tout à l’heure).
N’avoir pas touché une ligne (en avoir oublié le goût (...)
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_Journal | contretemps
Articles
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recommencer le jour
16 août 2010, par arnaud maïsetti -
l’existence du terrible dans chaque parcelle de l’air
29 janvier 2017, par arnaud maïsetti29 janvier 2017
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à la nuit tombée (et au temps qu’elle met)
21 janvier 2014, par arnaud maïsettiJe ne le savais pas. La nuit ici tombait pendant des heures, lentement. Amsterdam est une ville comme un cercle. Quand j’approche du centre, c’est vide. Mais si je m’éloigne, d’autres canaux emportent d’autres souvenirs, et d’autres lenteurs. La nuit ici tombe si tôt. À midi, c’est déjà bientôt fini. Peut-être dès le matin, je ne sais pas, je ne sais vraiment pas, je ne sais rien.
Dans cette nuit qui ne cesse pas de tomber, je me tiens.
C’est sur cette place, que j’ai trouvé cette statue (je n’ai jamais (...) -
la seconde qui s’écoule entre deux pas faits par un voyageur
27 mars 2020, par arnaud maïsetti27 mars 2020
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une foule d’ombres
5 juillet 2016, par arnaud maïsetti[/ Nous rencontrâmes une foule d’ombres qui s’en venaient près de la rive, et chacune nous regardait ainsi que font le soir ceux qui se croisent à la nouvelle lune ; elles clignent des yeux vers nous comme le vieux tailleur au chas de son aiguille.
Dante, La divine comédie, Chant XV, (16-21)./]
Sous le miroir ombrière face au Vieux-Port passent ceux qui passent, chaque seconde une foule de moins traverse l’image et s’éloigne, le soleil frappe ce qui nous protège de lui, et pour rien s’épuise : au (...) -
tendresse pour la sauvagerie
30 mars 2015, par arnaud maïsettiEt le printemps m’a apporté l’affreux rire de l’idiot. Rimb.
Le temps est à l’heure – c’est à cela qu’on le reconnaît. Une heure soudain retranchée au jour ou accrue d’un supplément d’âme ; le ciel partout maintenant, mais c’est à cause du vent – depuis quatre jours désormais. Sur le visage et dans le corps, au fond de soi comme aux terminaisons des branches, quelque chose qui renverse le cours des choses. C’est naître, mais c’est après. C’est une fois que tout est terminé (terminée la terre noire et blanche, (...) -
la destinée du Paradis
17 avril 2017, par arnaud maïsetti17 avril
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rien plutôt que quelque chose
15 janvier 2020, par arnaud maïsetti15 janvier 2020
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on est à l’abri
9 décembre 2009, par arnaud maïsettion est à l’abri : du bon côté des choses, du côté où les choses restent protégées : on est sûr qu’ici rien ne nous atteint : on est du côté où les gouttes coulent à l’envers en laissant voir leur ventre.
sur la cadre, le décor change mais tout reste en place : les horizons qui s’enfilent les uns aux autres et le train qui se déplace le long, ou qui l’entoure, pour atteindre finalement la ville ; sur le cadre, la pluie qui se dépose ne fait que cerner le train, mais ne le traverse jamais.
parole oblique, (...) -
règne des contraires
24 août 2020, par arnaud maïsetti24 août 2020
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une vie, ou l’imminence
2 octobre 2016, par arnaud maïsetti[/Rien n’a d’importance, et je crois que bien des gens ont considéré la vie comme un enfant turbulent, en soupirant après le calme qu’ils allaient enfin connaître quand il irait se coucher.
Pessoa, Le Livre de l’intranquillité/]
Radiohead, « Life in a Glasshouse », Amnesiac (2001) Celui qui a écrit, rapidement, comme en fuyant, UNE VIE sur le rebord de muret face à l’université, est-ce qu’il voulait déposer sa vie, ou seulement en arracher une, une autre, une plus grande ou plus simple, une possible, une (...) -
des mers virides
11 octobre 2011, par arnaud maïsettipoussières d’algues sur le fleuve immobile Je ne choisis pas : il y a des signes objectifs qui s’imposent. Cette couleur, ce mot plutôt, le mot vert, par exemple : je l’ai rencontré toute cette journée, à mille endroits, pourquoi.
Signe d’espoir, le vert est le symbole de la jeunesse, de l’inexpérience et de la crédulité, probablement par analogie aux fruits non mûrs.
Combien de manière de nommer un seul jour – quand un jour comme celui-ci est passé sur un même ciel gris cassé, et moi, au bureau, ai vu (...) -
sous les drapeaux
1er septembre 2018, par arnaud maïsetti1er septembre
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Vincit qui patitur (la brume)
3 février 2014, par arnaud maïsettiJournée longue comme un arbre qui va s’effondrer.
En remontant le soir vers la ville, les affiches électorales, de nouveau, grotesques, dérisoires — quelque chose comme ce mot de foutaises, et pourtant, je pense (mais pourquoi ?) au Bachelier de Jules Vallès, et aux camarades qui dans Le Ventre de Paris s’assemblent dans ce petit café à Châtelet pour parler de la Sociale.
Grande mélancolie passant devant une banque en voyant un jeune garçon (mon âge peut-être), le visage mangé par une capuche, qui (...) -
manifestement
8 septembre 2010, par arnaud maïsettiI Walk The Line (Johnny Cash)
Si tu chantes La Marseillaise pourquoi faut-il qu’il te déplaise de la chanter sur l’air de complainte sensible de tel petit navire au mousse comestible.
Place de Grève, pas de potence, juste des feux rouges (ou verts ?) enveloppés — avant usage, sans doute : ou par pudeur — ; serviront bientôt pour la marche aux pas, dans l’ordre et la discipline : pour éviter les carnages aux carrefours, aussi. C’est utile. Enfin : pendant ce temps, les feux ne sont ni aux rouges ni (...) -
orsay, le soir ou l’aube
8 juin 2014, par arnaud maïsettiOn reconnaît les premiers jours de chaleur à la soif nouvelle, rue de la Croix Nivert on reconnaît les impasses aux cris de cet homme qui pleure, plus loin à Cambronne, on reconnaît les statues à leur ombre, celle de Lyautey, ridicule dans les grandes phrases lancées au vent, on reconnaît les grandes phrases au ridicule, et au vent, on reconnaît la marche ce soir à ce qu’elle conduit jusqu’ici, c’est-à-dire à la soif,
tout à l’heure, j’ai reconnu ce pont sous l’arche au premier cheveu blanc, et le (...) -
mises à jour
4 janvier 2010, par arnaud maïsettiDe n’être tenu par aucune identité : ni sociale, ni nationale : et ni morale, ni rien ; de n’avoir pas d’adresse ; d’occuper le temps depuis le matin sans réveil jusqu’à épuisement du dossier le soir ; de n’avoir besoin que de six heures la nuit : et pas de compteur pour le jour ; d’avoir pour seul rêve de confort, une table où poser des livres, une autre pour écrire leur lecture (et de la musique pour faire passer l’énergie de l’une à l’autre table) — et une fenêtre, avec vue sur les toits : et une (...)
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leur mort en moi qui mord_
Michel Brosseau
2 avril 2010, par arnaud maïsettiLes mots que je ne forme pas Est-ce leur mort en moi qui mord Louis Aragon, Le Roman inachevé
leur mort en moi il faudra s’extraire leur mort en moi qui mord trop incertain cet entre-deux tant d’inachevé tant de silence est-ce leur mort en moi qui mord quand maintenant vaciller quelle empreinte des mots lourds mots qui défont mots qui font qu’à renverse envers et contre tous leur mort en moi qui mord pas à pas mot à mot s’éloigner sans se perdre les mots que je ne forme pas tu sais le prix des (...) -
scènes d’un théâtre mental
13 mai 2011, par arnaud maïsettiAu théâtre s’accuse leur goût pour le lointain. La salle est longue, la scène profonde. Les images, les formes des personnages y apparaissent, grâce à un jeu de glaces (les acteurs jouent dans une autre salle), y apparaissent plus réels que s’ils étaient présents, plus concentrés, épurés, définitifs, défaits de ce halo que donne toujours la présence réelle face à face. Des paroles, venues du plafond, sont prononcées en leur nom. L’impression de fatalité, sans l’ombre de pathos, est extraordinaire.
Henri (...) -
fatigues
17 juin 2010, par arnaud maïsettiTired Young Man (syd Matters, "A Whisper And A Sigh" 2004)
For love my life has got no space Forgive a tired young man Routes qui s’ouvrent : les prendre toutes. Dans la vacance offerte des jours sans terme, prolonger les chantiers, multiplier les projets, les lectures, agrandir de tout son corps l’état des lieux du réel ; ne pas s’en tenir à la fatigue : jusqu’à épuisement du dossier.
Depuis janvier, pari pris et tenu : ne pas entrer dans une librairie sans en sortir avec un livre de poésie. (...)