Ce sont des corps levés. Des corps levés on ne sait pas depuis quand, c’est chaque nuit la même apparition. Le jour on fait attention, en passant, à bien voir qu’il n’y a rien : il n’y a rien ; on passe. Et la nuit tombe, chaque nuit, au même endroit : ici, à cet endroit précis du monde où on passe quand la nuit on passe, de ce bord du monde à l’autre (le monde est une somme de bords). On lève les yeux, on n’est plus surpris : les corps se sont levés.
Ce sont des corps blancs, mats, quelque chose qu’on (...)
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_ville
Articles
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des corps levés (cette danse sur des millénaires)
9 novembre 2013, par arnaud maïsetti -
Paris, le froid et l’exil
26 novembre 2015, par arnaud maïsettiC’est le froid soudain. L’entrée dans une saison qu’on sait déjà infinie, celle de la nuit dès cinq heures, des manteaux lourds, de la neige bientôt et des cafés brûlants, de la guerre et des raisons qu’on nous trouvera pour l’accepter, du cadavre du premier homme tombé dehors dans la rue, de l’annonce à la radio du premier mort de froid, de son nom qui restera inconnu, c’est la ville quand elle rentre chez elle et qu’elle allume les lumières dans son ventre, et que le dernier ferme la porte, c’est la (...)
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quelques lignes sur la croyance du temps
2 juillet 2014, par arnaud maïsettiLe jour s’organise selon des droites nombreuses qui se coupent, se chevauchent, s’oublient et s’interrompent, reprennent parfois plus loin leurs courses ; droites en travers desquelles je vais ou que j’enjambe, ou contre lesquels je ploie de tout mon corps, et contre lesquelles, oui, je finis fatalement par m’allonger, lentement.
Hier soudain les urgences qui s’apaisent, des courses contre la montre perdues chaque jour ont cessé — dans ces délais à tenir, ces tâches à accomplir avant expiration du (...) -
les lignes configuratives (l’interruption sur la main)
12 juin 2013, par arnaud maïsettiDepuis ce temps, ô déesses rivales, je ne vous ai pas abandonnées. Depuis ce temps, que de projets énergiques, que de sympathies, que je croyais avoir gravées sur les pages de mon coeur, comme sur du marbre, n’ont-elles pas effacé lentement, de ma raison désabusée, leurs lignes configuratives, comme l’aube naissante efface les ombres de la nuit ! Depuis ce temps, j’ai vu la mort, dans l’intention, visible à l’oeil nu, de peupler les tombeaux, ravager les champs de bataille, engraissés par le sang humain (...)
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et frôler la lumière
28 janvier 2014, par arnaud maïsettidoucement
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tremblée de la ville parallèle
16 avril 2013, par arnaud maïsettiville d’avray, c’est tout droit
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laisser le monde derrière soi
11 décembre 2012, par arnaud maïsettide Cour-Saint-Émilion à Bercy… et de Bercy à Gare de Lyon
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ThTr | Balivernes Hivernales, de JY
8 janvier 2016, par arnaud maïsettitroisième texte,
hiver 2015 -
les pages arrachées en miroir
9 juillet 2014, par arnaud maïsettic’est une idée ; prendre un livre, au hasard dans la bibliothèque bientôt vide, en arracher une page, la jeter au sol ; attendre que quelqu’un se penche pour s’y lire : le lac regarde Narcisse bien avant sa venue, c’est vrai. Une page arrachée en miroir
sur le trottoir : une page d’un livre qui ne se trouve pas dans ma bibliothèque ; une histoire d’avion qui déchire les brumes de Terre Neuve, il y est question d’un type à retrouver ; une histoire de Bob Morane en quête d’on ne saura jamais. Et (...) -
solstice perdu et spectres nouveaux
23 juin 2017, par arnaud maïsetti23 juin 2017
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route que prenait le train dans le brouillard : histoire intérieure de la deuxième nuit la plus longue du monde
22 décembre 2014, par arnaud maïsettisi malheur plus réel exista dans la longue spirale du temps, c’est le malheur de celui qui trouble maintenant le sommeil de ses semblables.
Lautréamont, Chants de Maldoror
Comment fait le train pour savoir où il va, dans ce brouillard qui n’en finit pas - comment fait-il, pour trouver sa route, et frayer, d’un bord à l’autre du pays, jusqu’à la mer ; tous ici dorment ? Étrange comme toujours, remontant vers Paris ou descendant à Marseille, il faut traverser au pli du trajet une zone de brouillard, (...) -
impossible en passant
11 mai 2014, par arnaud maïsettiCes flèches qui désignent sur les pancartes que personne ne lit plus des hauteurs inimaginables — pancartes dévorées par les herbes, dévorées par le ciel ; impossible en passant de ne pas, suivant l’ordre de la flèche, lever la tête, et le centre-ville ainsi pointée, c’est la lune entre deux arbres qu’on trouve, voilée, la lune qui tourne et tourne encore.
La ville, on y est déjà, on y est toujours — l’accès y est contrôlé, les flèches latéralisent les expériences, forment comme une barrière entre soi et (...) -
La Ville écrite | Mordre
30 décembre 2016, par arnaud maïsettion ne mordra jamais assez
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Approcher la ville par les bords
5 décembre 2015, par arnaud maïsettilonger sa possibilité
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VIDÉO | Les cris de la ville
12 juin 2016, par arnaud maïsettiAu loin
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légendes urbaines #2
6 novembre 2013, par arnaud maïsettisemaine du 28 octobre au 3 novembre
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images du monde inéluctable
8 septembre 2016, par arnaud maïsettiL’arbre devient solide sous le vent. Sénèque Alexandre Desplats, River (’Tree’, 2011) Dans les replis de Paradis, là où toutes les rues grimpent vers la Basilique, la ville fait un angle avec cette partie du réel où je suis par hasard perdu, cherchant la première rue qui descend. C’est une image récurrente dans les rêves : chercher son chemin, qui change à chaque seconde. Ici, l’arbre planté dans le vent pourrait être un point de repère : mais non. C’est simplement un hasard ou une aberration, quelque (...)
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en attendant, ne rien attendre
4 septembre 2016, par arnaud maïsettiBob Dylan, ’Can’t Wait’ (Time Out of Mind, 1997) Le langage n’est pas la vie, il donne des ordres à la vie ; la vie ne parle pas, elle écoute et attend.
Gilles Deleuze et Félix Guattari, Mille Plateaux, p. 95-96. À la recherche des signes, on perd souvent sa propre trace. J’aurai tant aimé la ville et je m’en éloigne, de plus en plus : pour mieux (me dis-je et me console) en retrouver la violence, la déchirure, la beauté terrible et nécessaire. La ville est comme sa terre : on ne peut l’éprouver qu’en (...) -
noms de ville : le nom
31 mai 2016, par arnaud maïsettiMais si ces noms absorbèrent à tout jamais l’image que j’avais de ces villes, ce ne fut qu’en la transformant, qu’en soumettant sa réapparition en moi à leurs lois propres ; ils eurent ainsi pour conséquence de la rendre plus belle, mais aussi plus différente de ce que les villes de Normandie ou de Toscane pouvaient être en réalité, et, en accroissant les joies arbitraires de mon imagination, d’aggraver la déception future de mes voyages. Ils exaltèrent l’idée que je me faisais de certains lieux de la (...)
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novembre au lendemain des morts
3 novembre 2014, par arnaud maïsettiOn m’a dit que le monde tournait, alors j’attends de voir passer ma maison devant moi.
M. Lowry, Au-dessous du Volcan
Le lendemain des morts nous appartient. Le surlendemain aussi, peut-être. Mais les jours qui précèdent sont à eux, alors on se tait davantage. Puis, il faut recommencer. Maintenant qu’on a basculé, heure d’hiver, heure des jours mutilés : c’est comme devant le jour qui tombe : on attend moins longtemps la nuit, et c’est comme si on nous arrachait un peu de vie ; mais la nuit qui (...)