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Milan #7 | ville statues

En croisant leur regard

jeudi 23 juin 2022


La ville en corps au mouvement arrêté nous regarde passer comme si on n’était pas, nous aussi, de poussière que le vent répand et qu’indiffère le ciel. Les statues dans cette ville portent tous le visage d’un homme qu’on aurait dressé dans la pierre parce qu’il était immortel de son vivant, mais dont personne aujourd’hui ne se rappelle le nom — ce nom est peut-être gravé là, ici, mais si haut, et de toute manière la pierre a été dévorée par la pluie.

Je ne connais aucun de ces hommes — il n’y a presque pas de femme, ou seulement des déesses, des anges sans existence véritable. S’il faudra un jour déboulonner les statues, c’est aussi parce qu’elles ne sont plus que des arrogances sans conséquence ; on ne les garde peut-être d’ailleurs que pour cette même raison qu’on peignait des crânes dans les vanités, ô poussière.

Il suffit de se placer dans l’axe du soleil pour ne plus rien voir de la statue et observer les contours ; toute cette puissance ridicule du pouvoir qui s’est levé au milieu des villes pour les dominer et qui ne servent que de trônes aux oiseaux, d’ombres aux touristes.

Je voudrais croiser leur regard et n’y parviens pas. Seules me touchent celles qui se tiennent en équilibre dans le vide et paraissent sur le point de sauter, mais ne le font pas — pour quelles étranges raisons ?



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