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Lyon | presque une île
Ou presque
mercredi 15 mai 2013
d’autres départs, c’était d’autres départs, les lignes emmenaient
j’avais cru voir un avion, je le cherche ce soir, je ne vois rien que du ciel
toujours le train s’arrête au milieu de nulle part, jamais devant les collines, jamais
premier pas dans la ville, cette plaque, j’ai noté le numéro
chambre minuscule aux rideaux roses, chambre juste levée pour le sommeil et le travail, et rien d’autre entre le sommeil et le travail
depuis la chambre, vue sur la ville : elle n’est pas là
c’était un signe, déjà (lequel ?)
derrière le grillage, les mots : feu aux prisons (renseignez vous), et aux fenêtres, les noms des squatteurs, peut-être
et le ciel soudain
le ciel si loin
le manège à sa place
et la presqu’île tout près, de l’autre côté de cette vie
le ciel échoué sur le rose de lui-même, rien d’autre
rien que cela qui s’échouait
tout qui finissait
tout (et qu’on n’en parle plus, encore)
les courbes, les traces, les formes mortes
les drapeaux qui flottent comme des épaves
des immeubles comme des murs, des murs comme des balcons suspendus dans le vide au hasard
les flèches transpercées par les nuages
et la nuit, la lune qui tombait sans cesse sur la terre qui tombait plus vite
rue de l’hôtel, rien non plus du visage du poète
il n’y avait pas mon nom sur ce pont
le nom de l’université, lui, était sur les murs effacés
dans la cour rouge de sang où j’attendais, cour d’un ancien hôpital, on m’explique que c’est là qu’on éventrait les corps pour apprendre la place du corps dans le corps, je regarde la pluie qui tombait sur tout cela qui avait disparu
comme un souvenir de collège, oublié
et en sortant, encore en chantier, le mois de mai perdu comme cette statue au milieu du terrain vague, vague
et ces murs de murs dressés comme des murs de murs, encore
chercher à droite, à gauche, les plafonds d’arbre de vie, rien
rien que des couloirs, des tunnels, des tranchées dans la gorge
des murs des murs des murs des murs
la prendre, vite
au sud, des lignes
au nord, d’autres lignes
regarde le ciel (encore des lignes)
et sur les cadrans solaires, la même heure arrêtée, c’était peut-être le lendemain.