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Hypothèses #5 | de se taire

silence(s)

vendredi 10 février 2023


De ce qui se passerait si — un jour durant et sans raison — garder le silence comme un enfant le soir qui refuserait de dormir, le garder, tout contre soi et il hurlerait alors on serrerait plus fort, on lui chanterait des chansons douces puis terribles puisque douces ne fait que lever d’autres colères, alors terribles, et des histoires qu’on inventerait jusqu’à plus soif, jusqu’à mordre la poussière, jusqu’à extinction des feux et des dernières expressions retranchées dans leurs derniers retranchements et qu’il s’effondre enfin, et qu’il laisse place à la nuit entière et elle seule, le silence et qu’on n’en parle plus, et alors ? C’est l’hypothèse.

De ce qui arriverait ensuite, à ce qui entoure, à ce qui au-dedans fraie encore malgré tout et parle, et aux autres, qui nous demanderaient des comptes et des paroles : et si tout ce qui est dit peut être retenu contre nous, quid de ce qu’on tait : c’est l’hypothèse.

De garder un jour de silence — Michaux le pratiquait une fois par semaine : toutes les paroles jetées sur la page en témoigne —, et d’observer ensuite, patiemment, ce qui s’effondre, et ce qui survit.