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La ville écrite | Adieu

Le temps d’or

dimanche 2 avril 2023


Suis-je trompé, la charité serait-elle sœur de la mort, pour moi ?
Enfin, je demanderai pardon pour m’être nourri de mensonge. Et allons.
Mais pas une main amie ! et où puiser le secours ?

Rimb., « Adieu » (Une Saison en enfer)


On ne s’embarrassera pas de mots, d’interminables lettres plus ou moins d’or justifiant d’une vie, s’excusant même, ou crachant sur le destin de ceux qui survivront à la fin : on jettera sur tout ce qu’on trouvera, murs si ce sont des murs, corps s’il s’agit de corps, rien si rien ne reste, un mot qui ne dirait l’espoir que par antiphrase, et dieu comme on le blasphème, qui dirait l’amour comme on ne saura le dire que dans la terreur, puis : on attendra ; la ville passera comme le temps, sans rien dire et dévorant tout.

On sera seul, on regardera les lettres, on posera les mains sur elles, une ombre viendra aussi s’agrandir : on se retournera et on se cachera le visage.