arnaud maïsetti | carnets

Accueil > FICTIONS DU MONDE | RÉCITS > La ville écrite > La Ville écrite | ‡Ò∂ƒfi¬µß‹≈©◊

La Ville écrite | ‡Ò∂ƒfi¬µß‹≈©◊ 

[des visages sans visage]

dimanche 15 janvier 2023


Ce que la ville avait su inventer, c’était — davantage que la création d’autres récits, d’autres langues — une écriture sans objet et sans signification, bien sûr, mais surtout sans écriture, formes qui élaboraient pour chaque mot ses signes et ses lois, toute une syntaxe valable pour quelques syllabes, syntagmes tout entiers dressées dans leurs adresses rageuses qui ne voulaient rien dire, mais disaient, avec force et douceur, tout ce qu’on voulait y voir et qui tenaient dans les textures et les couleurs, la lumière qui traversait le mot.

Ce qu’on lisait, lettre à lettre, n’avait pas d’autres fonction que cela : nous faire lever les yeux sur les parois du texte ; tout possédait le même sens que le tracé de visages sans regard.

Ce qu’on faisait face à ce texte : du skate sur les rampes qui faisaient aller et venir les corps, ou de la danse, ou le soir sous la lune éteinte, laisser libre cours aux désirs purs, aux rages, à ce qui n’a pas de nom dans aucune langue même inventée.