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impossible en passant

dimanche 11 mai 2014


Ces flèches qui désignent sur les pancartes que personne ne lit plus des hauteurs inimaginables — pancartes dévorées par les herbes, dévorées par le ciel ; impossible en passant de ne pas, suivant l’ordre de la flèche, lever la tête, et le centre-ville ainsi pointée, c’est la lune entre deux arbres qu’on trouve, voilée, la lune qui tourne et tourne encore.

La ville, on y est déjà, on y est toujours — l’accès y est contrôlé, les flèches latéralisent les expériences, forment comme une barrière entre soi et ce qu’on voudrait rejoindre au-devant.

Les herbes qui poussent entre les pierres font toujours signes évidemment vers l’accomplissement du passé — là où quelles que soit la hauteur des villes, la force, l’éternité qu’on leur assigne, là où quelle que soit l’assise de nos vies, là que c’est voué.

« à la fin c’est la jungle qui gagne, oui »

dans nos vies, on n’a pas à chercher bien loin ces endroits en soi où l’herbe pousse déjà, où déjà ce qui s’accomplira s’annonce — je ne parle pas de l’affaissement qu’on voit parfois sur un visage jeune —, c’est toujours aux pensées les plus ancrées, aux expériences les plus sûres que surgissent les herbes qui recouvriront tout.

c’est aussi, quand on revient sur des étapes qu’on aurait voulu avoir franchies, qui semblent avoir arrêter le temps (mais sont là encore devant soi) que ces pensées viennent — ces phrases viennent seules comme des lieux communs : l’avenir est la réalisation du passé, le présent n’est que du temps qui n’existe pas puisqu’il nous sépare, à égale distance du passé et de l’avenir.

aux panneaux centre-ville qui désignent le ciel, aux pierres recouvertes par les herbes folles, au vitre sans tain des hôtes particuliers abandonnés comme des entrepôts : y déposer l’empreinte de son ombre qui passe sans savoir où, et le reflet d’un visage qui vient.


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