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Jrnl | Silences traversés des Mondes

[15•03•23]

mercredi 15 mars 2023


Silences traversés des Mondes et des Anges

Rimb., Voyelles

Ce qu’on perd du monde, chaque jour, tient à cet instant : le soir qui tombe sur nous tous sans exception, et la possibilité que cet instant soit autre s’efface, s’oublie déjà — on le mesure à chaque pas, le sentiment qui vient quand on remonte la manifestation et que les cris parviennent toujours à distance, en retard, en avance sur le cortège suivant, on le mesure mais on ne le saisit pas, toute cette foi terrible qui se soulève comme la mer, et qui va retomber comme elle, sur elle-même — jusqu’à ce qu’elle déferle, et elle va déferler ; mais nous sommes le soir et il nous arrive comme une nouvelle qu’on pressentait, et qui n’est qu’une promesse, toujours et seulement une promesse — mais de quoi ?

Toute la beauté et le sang versé (c’est le titre du film, je le lis comme pour conjurer le regret de ne pouvoir le voir, maintenant, tout de suite au moment où je le découvre, qu’il terrasse le regret, comme toujours avec mes regrets si facilement terrassés et dont les cadavres me restent entre les bras, lourds et sanglants.)

Il ne perd rien pour attendre, ce monde qui se réalise peu à peu et davantage contre nous autres, il y avait sur les murs des mots de rage qui appelaient à la vengeance, et cette fois, sans désir d’en rire ou pour s’en tenir quitte, non, cette fois pour écrire les mots et comme pour donner date : rien pour attendre.