arnaud maïsetti | carnets

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les marcs des nuages

samedi 30 janvier 2010


Enfin
il faisait nuit dans l’appartement,
je me cognais aux meubles de l’antichambre,
mais dans la porte de l’escalier,
au milieu du noir que je croyais total,
la partie vitrée était translucide et bleue,
d’un bleu de fleur,
d’un bleu d’aile d’insecte,
d’un bleu qui m’eût semblé beau
si je n’avais senti qu’il était un dernier reflet,
coupant comme un acier,
un coup suprême que
dans sa cruauté infatigable
me portait encore le jour.

M. Proust, Albertine disparue


Heure transparente : quand je jette un regard par dessus l’épaule sur cette partie de la ville qui commence, je vois tout, à travers elle, ce qu’elle est, ce qu’elle va devenir.

C’est une habitude désormais : vers 19h, regarder le ciel, à cette fenêtre, et fouiller dans les marcs des nuages, les prédictions pour la nuit.

Les dernières forces dans la bataille : jeter ses dernières forces dans la bataille, dit-on : je ne sais pas ce que ça révèle — jamais on n’a vu l’issue des combats changée. Jamais. Peut-être s’agit-il surtout du souci de n’avoir rien à emporter, ensuite.

Une dernière fois montrer, une dernière fois cacher : s’emparer de cette lumière, endosser pour soi la responsabilité de montrer, de cacher — sur quelques lignes noires, avancer les mains en avant pour agrandir son propre territoire d’inconnu.