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Mihi cura futuri (et le ciel féroce)

dimanche 16 février 2014



rien d’autre que les pensées adressées.

sur ce toit quand je suis remonté tout à l’heure, j’ai revu le ciel, celui du soir hier qui tombait, et je suis resté là, un peu.

Le ciel est un tableau noir sinistrement effacé de minute en minute par le vent, écrivait à peu près Breton ; je sais que le ciel écrit aussi lentement l’effacement pour que je puisse voir à travers les lettres.

ce qui est précieux : tout ce que je possède est ce qui ne m’appartient pas, qui est loin maintenant — dans la fatigue de ce soir, plus que ce ciel pour l’appartenance déchirée.

Mais le passant passe et le ciel féroce reste sans orage. Grand ciel., écrivait à peu près Desnos ; je sais qu’il passe aussi sous le passant, et que sous l’orage il reste grand, pour que nous puissions prendre mesure du minuscule : que tient dans un regard aussi, pour que je puisse penser comme nous sommes devant toute une vie qui sera toute entière la nôtre.

le ciel est ce qui relie (je crois) ; ce soir pourtant, je cherche encore la lune, elle n’est pas là.

si je la trouve je sais que nous sommes là.

je sais que nous sommes là malgré tout, sous le ciel qui va se lever.

Le ciel tout engourdi, le ciel qui se dévoue n’est plus sur nous. L’oubli, mieux que le soir, l’efface. Privée de sang et de reflets, la cadence des tempes et des colonnes subsiste., écrivait à peu près Eluard, qui se trompe sur l’oubli, qui ne s’oubliera pas.

je m’effondre.