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mise à jour (et faille de sécurité)

mardi 25 janvier 2011



la neige couvrait la terre


The Snow It Melts The Soonest (Sting, ’If On A Winter’s Night...’ 2009)



« La neige couvrait la terre. »

Nerval


C’est en exergue du livre de Novarnia, Devant la parole, livre qui m’a tenu tout le jour éveillé devant lui, cette phrase de Nerval, dont je ne cherche pas la source, et qui reste là en avant et comme par-dessus le reste.

Dix jours loin, donc, de ces carnets ouverts, où d’habitude lire et écrire comme devant la parole justement, celle que tient le monde dans ce qu’il fait dérouler, en laquelle il m’enveloppe — dix jours loin, et dans le silence, la lecture sans retour.

Et précisément aujourd’hui de retour, puisqu’il en faut un, ces tâches quotidiennes — le matin, mise à jour : l’ordinateur au lancement a eu besoin de reprendre pied aussi : pendant ces dix jours, le monde hors-champ avait donc continué.

Mise à jour de soi-même aussi, de ses propres tâches non pas quotidiennes (mais quel est autre mot, qui dit l’incessant, le jamais clos, le but repoussé à chaque pas de sorte qu’il devient la marche même ?)

Et puis, ce soir, impossible de mettre à jour le site — demeure l’ancienne version vulnérable. Pendant dix jours, je l’avais laissé en proie à ce que le jargon nomme une faille de sécurité. Et puis, j’essaye d’y remédier, je n’y peux rien, malgré les aides, bute, échoue à. Un soir de plus finalement à passer dans la faille de sécurité.

Est-ce que ce n’est pas le risque de toute manière, que je prends ? Ici plus exposé que d’habitude, mais tout de même. Quand on se donne là, le risque, comme on dit, de tout perdre ? Mais qu’est-ce que je perdrai au juste ? Tout, oui. Puis du reste, qu’en faire ? — le vieux mot du poète quand il se tient dans la faille justement :

Tout à reprendre. Tout à redire. Et la faux du regard sur tout l’avoir menée ! ...

N’ai besoin ni d’être poète ni de vieux mots pour sentir la coupure, la faux du regard, l’avoir qui n’est toujours que concédé, toujours sur le point d’être repris, toujours dans le besoin d’être arraché, ensuite.

Le bruit de la neige au loin. Les pas qui s’effacent. La pluie blanche de décembre, qu’en reste-il ? Ce soir, le trottoir est sec, et le coucher de soleil sans lumière. Ce soir, il n’y a pas de vent. Que de la terre qui couvre de la terre. Et demain ; ce soir il y a demain.