arnaud maïsetti | carnets

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un jour inespéré

lundi 25 février 2019


L’azur, certains soirs, a des soins de vieil or. Le paysage est une icône. Il semble qu’au soleil couchant le ciel qui se craquelle se reprenne un instant à croire à son bleu. Un jour inespéré se lève tandis que sur la mer la nuit reprend ses appuis.

J.-M. Maulpoix, Une histoire de bleu


ce qu’on cherche à prendre les soirs comme on prend des animaux sauvages des regards des possibles on ne sait pas on le fait on regarde on tend l’appareil on prend on s’en va on est un voleur on prend les soirs comme la fuite comme ce qui reste encore possible comme sur le pas de la porte on jette un regard pour mieux l’emporter on ne sait pas on ne sait vraiment pas mais c’est faux on sait pourquoi on le fait pour simplement être plus léger de ce qu’on a arraché à toute cette vie qui passe qui est passée déjà mais qu’on espère plus vive encore et moins désespérée simplement parce qu’en passant on a emporté avec soi la vie traversée par la vie pure des regards bleus d’être noirs clairs

tu disais n’aies pas peur mais je n’ai pas peur je suis calme et tranquille comme dans la chanson où la voix dit je suis calme et tranquille calme et tranquille tu ne la connais pas je crois que je suis le seul au monde à connaître la voix qui dit qui répète je suis calme et tranquille et quoi en faire seulement les déposer ici le matin je me réfugie dans quelques années vécues il y a des siècles pour trouver les forces et c’est le contraire du refuge tu disais le sombre et la couleur du sombre là où je cherchais l’éclaircie au milieu de la nuit qui allait se déchirer dans la vie de ma vie d’il y a des siècles je regardais la poussière aussi sur la nuque et je voyais la mer je sais ça ne veut rien dire ça ne veut rien même pas le rien seulement ça veut comme ça désire et ça désire mieux voir ce qui reste dans le ciel de vivant sous la terre et si c’est ton ombre alors je veux bien oui je veux bien je m’y résignerai dans le deuil des nuques brisées par les siècles et les désirs perdus mais si c’est le bleu je l’accepte tellement aussi comme un ciel du soir pour mieux passer la nuit tellement