arnaud maïsetti | carnets

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une image de la fin

mercredi 14 juillet 2010


En passant devant un immeuble de verre, je suis pris de douleur : un mal au cœur violent comme un dégoût du reflet qui déforme en le produisant le monde en son abîme. En progressant plus péniblement, courbé en deux contre le vent, je remarque une tache, à droite, qui avance, et coulisse le long des vitres à mesure que je m’approche.

Quand je traverse, elle me fait face, et s’immobilise à un mètre de moi : elle tend la main quand je pose la mienne sur elle, et le reflet qui se dessine, flou, creusé, sans bord et sans relief, n’est qu’une projection intérieure de plus ; au mieux, perdue sur ces vitres ; au pire fichée là depuis toujours pour me dévisager : une image de ma fin, peut-être.

Je m’arrête un moment : cesse de respirer et essaie de mieux voir au travers de moi — quand j’aurai retenu ma respiration suffisamment longtemps pour ne plus sentir battre à mes temps la pulsation affolée du temps, sur la paroi de verre lisse mon ombre tombera soudain sans moi. Et je ne serai plus là pour voir sa chute.

Voilà une fin possible — c’est pitié qu’elle soit inacceptable.