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JOURNAL | CONTRETEMPS (un weblog)
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ouverture
vendredi 12 juin 2009
Porte qu’on referme derrière soi, sur une pièce sans lumière et sans recoin, angles fuyants qu’à force d’arpenter on a redessinée, dans le rêve et le désir d’une ville déroulée sous le pas — et la porte qu’on ouvre sur une autre pièce, incertain de ce qu’on va trouver, sensible seulement aux bruits qu’au loin on peut percevoir, emplis de territoires qu’en soi on porte, prêt à endosser sur des kilomètres imaginés en heures, en pleins et déliés de l’écriture ; geste qui dit la fermeture, qui est aussi son ouverture ; geste qui dit encore, je suis encore.
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invention du jour
jeudi 11 juin 2009
Basculer de l’autre côté, une étoile après l’autre (une vague après l’autre) ; les angles qu’on choisit, comme une bête mourir, ici aussi — mourir. Comme en décembre, la pluie ramassée dans la main : un jour après l’autre recommencé comme on l’écrit, on l’invente ; on le disperse.
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ce qui n’est pas possible
jeudi 11 juin 2009
« La vie se vit d’un côté et elle s’écrit à l’inverse, c’est à dire que j’ai le sentiment que les choses, les expériences que je vis et les gens que je côtoie à partir du moment où je les écris, je les mets à mort en quelque sorte. (…) Et à partir de ce moment-là, je ferai une œuvre de mort vis-à-vis de cette expérience vécue et vis-à-vis de ces gens que j’ai rencontrés. Non que j’éprouve un sentiment de culpabilité vis-à-vis de ça. Mais disons que j’éprouve une certaine difficulté à doser l’existence d’une part et à lui garder son indépendance par rapport à l’écriture et d’un autre côté à continuer à écrire. Et je sens des deux côtés, à la fois du côté de l’existence et du côté de l’écriture, une attirance pour vivre l’un et l’autre d’une manière entière et je sais très bien que ce n’est pas possible. »
B.-M. Koltès -
la coupure
jeudi 11 juin 2009
On creuse des tranchées, on triche les perspectives, on casse les cloisons, on ajuste les croisées, et on détermine les lieux d’entrées, les possibilités de sortir. Les murs sont dressés parce qu’ils entourent et délimitent, parce qu’ils permettent, aussi : qu’ici soit là, et au-delà — dehors : la racine du mot temple est la même qui nomme la séparation entre un dehors et un dedans ; l’espace sacré déterminé en tant qu’il n’est pas l’espace profane : la coupure qui donne sens ; séparation qui oriente les mouvements.