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Colloque | Thomas Ostermeier : Reinventing Directors’ Theatre at the Schaubühne Berlin, à Londres

mardi 22 juillet 2014




À l’occasion de la représentation d’Un Ennemi du Peuple, au Barbican de Londres, se tient un colloque autour de l’œuvre de Thomas Ostermeier, et de son travail à la Schaubühne, organisé par The Royal Central School of Speech and Drama, à l’Université de Londres : Thomas Ostermeier : la réinvention de la mise en scène

Du 25 au 26 septembre, cette rencontre autour de l’œuvre de Thomas Ostermeier est l’occasion pour moi de poursuivre mes recherches autour de la question du théâtre et de l’histoire au présent : ou comment inventer une scène du présent ?

— Présentation de ces journées sur le site du Royal Central School of Speech and Drama
— Réservations du symposium
— Site de la Schaubühne à Berlin.

Programme du Symposium


Ostermeier Le dépli politique de l’histoire

Mass für Mass — Les Revenants : de Shakespeare à Ibsen, rien de commun hormis le souci d’une scène expérimentale, ou plutôt laboratoire. Pour Thomas Ostermeier, dont on sait la double inclination pour ces deux auteurs, à bien des égards privilégiés dans son travail, ces dramaturgies expérimentales (non pas seulement en regard du théâtre lui-même, mais jouant, à l’intérieur de leur fable, l’essai comme principe moteur qui cherche ainsi à mettre à l’épreuve les personnages, élaborant la crise comme un révélateur) semblent elles-mêmes l’occasion de libérer l’expérimentation de sa nature quasi-théorique — l’une sur la règle morale du pouvoir à l’échelle de l’État ; l’autre sur le pouvoir moral de la règle à l’égard de la famille — pour y exercer un théâtre du dépli. C’est qu’en effet ces scènes sont moins des appuis pour déployer un art (de la mise en scène) que des espaces où déplier des questions (politiques). Singulièrement, Shakespeare et Ibsen, qui n’offrent évidemment pas du tout les mêmes formulations et les mêmes réponses, sont l’occasion pour le metteur en scène allemand d’une même traversée où, de part et d’autre, se révèlent les enjeux d’une blessure : celle d’une impossible remise à plat de l’Histoire. Pour le drame politique shakespearien, le kärcher qui voudrait nettoyer les refoulés de la fable ne fait qu’appeler davantage aux retours d’un passé qui décidément ne passera pas ; pour le drame intime d’Ibsen, la vidéo de l’artiste fouille dans les visages le passage d’un temps auquel il ne participe plus — au terme des deux fables, la revenance agit comme si rien ne s’était vraiment passé. Et pourtant, ce qui a lieu, au lieu du théâtre, affecte le dehors de la scène : les spectateurs rendus à leur histoire / Histoire.

Ainsi, en choisissant d’approcher deux spectacles parmi les plus récents de Thomas Ostermeier, vus à Paris (l’un au théâtre de l’Odéon en 2011 ; l’autre à Nanterre-Amandiers en 2013), on proposera moins un parcours historique de sa réception, que la saisie d’un geste singulier de mise en scène : déplier l’histoire, c’est exposer la fable (et dans chacun des spectacles, on notera la primauté du rythme sur le temps ; la faculté à ouvrir le récit et à en rendre compte par surexposition déterminée), c’est aussi et surtout désigner les plis de l’histoire là où notre Histoire fait défaut. De là le choix de ces deux expérimentations dramaturgiques et philosophiques, qui localisent l’un des points sensibles les plus considérables du travail de Ostermeier : les tensions de l’individu anachronique à sa propre histoire, la surface d’inadéquation entre une superstructure et les corps qui ploient sous elle. Pour déjouer les fatalités de l’histoire, l’art d’Ostermeier est une force de proposition : le dialogue comme face-à-face ; le dépli du temps comme maintient des tensions ; la revenance de l’art comme mise en regard de l’Histoire.


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