terra trema — à la surface du verre d’eau posée sur mon bureau, de minuscules vagues soudaines et dérisoires, quelque chose tremble et je ne sens rien. Il est 21h30 à peu près et j’apprendrai plus tard qu’il était en réalité 21h16. C’est sur l’écran de l’ordinateur deux heures plus tard, au moment de m’effondrer, que je lis les nouvelles des journaux en ligne : la terre a tremblé ici, à quelques kilomètres d’ici, pas très loin, tout autour de moi, la terre a tremblé un peu, pas suffisamment (…)
Accueil > Mots-clés > _Écrire > _peurs
_peurs
Articles
-
comment mesurer les tremblements de terre
8 avril 2014, par arnaud maïsetti -
nos images
17 février 2010, par arnaud maïsettiDans le reflet du reflet (et avec le miroitement de l’appareil photo, l’image reflétée sur l’écran que l’écran redonne : je ne veux pas compter les surfaces, sûr que le désir de sauter dans le vide serait trop grand, et le vertige, impossible à dompter) : les rides du ciel pour chaque seconde passée à attendre le bon moment où les saisir.
On n’est pas assez armé face à ce genre de reflet qui renvoie une image plus dense que le miroir : il y a plus redoutable que le miroir promené le long (…) -
le rêve comme un visage ; un livre
14 avril 2011, par arnaud maïsettiWhere Dreams Go To Die (John Grant, ’Queen Of Denmark’, 2010)
Puisant je ne sais quoi ; au fond de ses yeux jetant le panier tressé de mon désir, je n’ai pas obtenu le jappement de l’eau pure et profonde.
Main sur main, pesant la corde écailleuse, me déchirant les paumes, je n’ai levé pas même une goutte de l’eau pure et profonde :
Ou que le panier fut lâchement tressé, ou la corde brève ; ou s’il n’y avait rien au fond.
Victor Ségalen, Stèles, ’Visage dans les yeux’
ces images qui (…) -
des beautés singulières
8 octobre 2011, par arnaud maïsettiAssis au bord du fleuve dans le noir qui nous entoure, de la lumière soudaine, qui passe sur nous et s’éloigne pour laisser la nuit de nouveau, avant que d’autres lumières s’approchent et nous éclaboussent, puis le noir agit comme un flash prolongé avant le retour de la lumière encore, ça n’en finira pas (cette lumière ne se fixe que sur nos conscience, quand on voudra la prendre en photo, elle ne se laissera pas impressionnée) et ainsi jusqu’à la fin recommencée du monde ; il nous faut du (…)
-
peur du jour
16 octobre 2009, par arnaud maïsettiLa nuit, ça commence par une appréhension moins bornée du temps : dans le jour, il y a les tâches à faire ; les courses vides d’un endroit de la ville à un autre pour démarches administratives qui tiennent lieu d’identité sociale, à assumer, et entre les dents parfois les insultes ; les heures où il faut manger, appeler, tenir la distance, à bout portant le jour et toujours un horizon de choses à faire qui m’étreint, la projection qui m’empêche d’habiter ici et maintenant le lieu où je suis, (…)
-
[ phrases ] #4 — rêves de souillure
20 octobre 2011, par arnaud maïsettiBlancheur du monde dans laquelle personne ne pourrait se cacher, monde plus blanc encore que l’idée même de blanc, le sol, le plafond, les murs, mais des murs qui n’entourent rien, pas des murs donc, simplement une surface mate de choses et de vie qui ne représente rien, c’est cela, oui, toute une matière immobile où rien ne pourrait être représenté sans souiller tout, et tu entres ici, et ton ombre se répand et couvre peu à peu l’espace de tes pas, de ta respiration, puis de ton ombre qui (…)
-
poser le regard
12 janvier 2010, par arnaud maïsettiC’est comme une effraction dans le corps, une violence affranchie de règles : les secousses qui prennent quand on tient le regard de l’autre trop longtemps. Dans le métro, qu’on ne se permette pas de faire davantage que de croiser le regard. C’est une loi non écrite : on ne regarde pas les gens en face.
Comme des rois, comme des fils d’empereurs, comme des dieux mêmes : on ne saurait poser son regard sur le regard d’autrui — sans doute que ça le recouvrirait, ils ne pourraient plus cesser (…) -
adresse #1 | au mort
10 mars 2010, par arnaud maïsettiMon frère, mon camarade, as-tu déjà vu le visage d’un mort ?
-
poursuites
28 septembre 2011, par arnaud maïsettiDans la course insensée, du soleil ou du train, qui suit qui, peu importe. Épilepsie contagieuse : ce jeu d’apparition-disparition du soleil derrière les paravents dressés par tout ce dehors pour le seul plaisir de faire se lever l’aube à chaque mètre. Moi, je vois surtout que la nuit tombe à chaque mètre. La vitesse emporte tout.
La poursuite braquée sur moi est un signe que je ne lui échapperai pas, jamais. La poursuite braquée sur les villes mortes le long des gares fait apparaître les (…) -
Radiohead | Mais simplement
22 juillet 2009, par arnaud maïsettiTrue love waits| Radiohead
-
Vers le fantastique | Peur #1
5 juillet 2015, par arnaud maïsettiatelier d’été 2015
Bloc Gare de l’Est -
Hurlements en faveur de soi [# 3]
5 janvier 2012, par arnaud maïsettiTrente variations : pluie ; rat ; ville
-
anticipation #48 | rejoindre (le pont)
14 avril 2011, par arnaud maïsettiC’était rejoindre qu’il fallait, rejoindre coûte que coûte — peu importait le reste : le reste, on le laissait dans le vide qu’on enjambait, sans un regard. Rejoindre, il ne fallait pas davantage que ce mot. Quel pays, quelle terre de quel lointain ? Rejoindre suffisait ; on ne demandait rien de plus.
De grands mouvements soudain sur tout le continent : c’étaient quelques voitures d’abord, puis des centaines. On s’était passé le mot si vite — et le mot, c’était seulement : rejoindre, on (…) -
une déperdition constante
4 juin 2022, par arnaud maïsetti[Journal • 04.06.22]
-
foules
10 mars 2010, par arnaud maïsettiLes soirs de matchs, dans la ville, c’est le même grouillement : on voit des rangées de cars de police, des chiens, des foules emportées par le même pas vers le stade, de l’autre côté du cimetière près duquel je vis et d’où je les vois.
Dans le froid nouveau, le vent âpre, ils ralentissent à peine. Le soir, on entendra par moments des éclats de bruits, et de là où vient la lumière haute nous reviendra un peu le relent des défaites, des victoires, qu’importe demain on parlera du match (…) -
l’art de dormir
18 octobre 2011, par arnaud maïsettiDormir est un art impossible. Aussi ancien qu’impossible. Moi, j’y ai renoncé. Depuis longtemps, et chaque soir davantage. Hier, par exemple. Toute la nuit, impossible à trouver, le sommeil. Quelque part pourtant, oui, ici ou là. Sous le bras, le corps, le désir entier de lui céder. Mais la fuite du sommeil en moi, je l’ai ressentie aussi, un peu comme le sang tombe, comme tout ce qui tombe quand la fatigue fauche et que le premier mouvement la trahit. Finalement, au bout de ces peurs qui (…)
-
galeries
13 mai 2010, par arnaud maïsettiDans les galeries où je traîne le pas pour salir mes chaussures à la poussière moite des lieux, je ne vais pas — construites selon un plan circulaire, je me retrouve sans cesse à ce point-là, semblable aux autres. Je n’avance pas dans l’espace ; toujours à égale distance du centre, toujours plus perdu dans un labyrinthe bâti comme un seul couloir arrondi.
La galerie est percée à gauche de larges ouvertures de ciel où le jour qui entre élargit le lieu ; mais quand on passe devant, on ne (…) -
d’en haut
11 février 2010, par arnaud maïsettiD’en haut, on verrait la route seule plonger ses mains dans la mer, partir. On suivrait des yeux sa ligne comme au ciel les dépôts blancs des avions qui dessinent leur direction, en arrière.
On marcherait par la pensée en se faufilant entre la forêt et on laisserait toutes les villes dans le dos ; on se dépouillerait de tout ce qui leste, dettes des colères, trahisons en conscience, terreurs sans image de la vie sociale ; on irait là où la route continue.
On passerait un moment dans (…) -
[ phrases ] #5 — rêves de départs
31 octobre 2011, par arnaud maïsettiLa hauteur des murs, le bruit du vent, le visage de quelques hommes, le corps de toutes les femmes, les reflets dans les tours, la musique partout à chaque coin de rues, des rues à chaque femme, des visages sur chaque affiche, des affiches au-dessus de chaque porte, et de la neige parfois, mais la chaleur suffocante, et du bruit toujours, et comme l’odeur de brûlé, et tant de beauté enfin qu’on s’y arrêterait pour la prendre et l’emporter loin, oui, mais loin, on y était, et c’était sans (…)
-
[ phrases ] #1 — rêves de fuite
26 septembre 2011, par arnaud maïsettiLorsqu’il ouvrit les yeux sur le jour suivant