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Nuage | le texte est une image de mots
jeudi 22 juin 2017
Le nuage. Ce mot semble tellement présent depuis que le web est web qu’il paraît avoir absorbé le sens même du mot, du mot véritable, du mot merveilleux. C’est aujourd’hui ce qui flotte au-dessus de nous, le cloud où sont les données et où gravitent autour de nous immatériellement notre vie matériellement numérique.
Mais le mot pourrait dire le contraire aussi : nuage, c’est ce qui donne corps et chair à ce qui serait impalpable.
Nuages de mots : il y a beaucoup de logiciels qui proposent d’agglomérer une masse de texte ou de données, d’évacuer la syntaxe, d’offrir la cartographie des récurrences. On entre un texte, récit, poème, et la machine mouline pour vous donner une forme étrange où les mots surgissent dans des tailles plus en moins grandes en fonction de leur fréquence. Ce qu’on y perd est considérable : le sens, l’organisation de la pensée, la beauté d’une langue qui se déploie dans le temps et l’espace. Tout est évacué pour un spectaculaire de pure forme. Ce qu’on gagne ? Je ne sais pas.
Le texte n’est plus que des mots posés les uns sur les autres, rageurs, criant. C’est un mur comme dans nos villes, avec les tags qui hurlent, qui caressent, qui s’abîment.
Par pur désœuvrement, je dépose ici – avec le logiciel WordClouds (il y en a tant d’autres) les nuages de textes aimés. Cela ne dit rien d’eux, ni du monde avec lequel ces textes ont lutté. Mais quelques secondes suffisent pour, rêvant devant ces formes, à voir naître à l’appel des mots d’autres textes, d’autres désirs de mondes. Alors, cela dit peut-être quelque chose de nous, de nos rêves ?
Comme Hamlet rêvant la forme des nuages, voyant chameaux, belettes et baleines – aller d’une forme à l’autre, rêvant d’autres textes qui sommeillent dans ces forces.
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