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Autre Savoir | Le soleil s’est renversé

Des champs magnétiques

lundi 6 janvier 2014

Autre savoir ici :
encyclopédie rétrospective des connaissances perdues

Oui, ce soir-là plus beau que tous les autres, nous pûmes pleurer. Des femmes passaient et nous tendaient la main, nous offrant leur sourire comme un bouquet. La lâcheté des jours précédents nous serra le coeur, et nous détournâmes la tête pour ne plus voir les jets d’eaux qui rejoignaient les autres nuits.

Breton, Soupault

C’est une fois tous les onze ans, environ — d’amplitude plus ou moins large : le soleil entreprend « un renversement complet de ses champs magnétiques » (— Les Champs Magnétiques : l’un des premiers livres de poésie qu’à vingt ans, je m’offris, parce que passant régulièrement devant l’hôtel des Grands Hommes place du Panthéon, je voyais cette plaque sur la façade, disant qu’ici Breton et Soupault avaient mis au point (était-ce l’expression exacte ? il faudra que je vérifie…) l’écriture automatique.

Les pôles nord et sud du soleil se sont inversés, quelle merveille.

Cela marque, dit-on de ce côté-ci de l’univers, la moitié du Cycle Solaire.

« Un renversement des pôles magnétiques du soleil est un grand événement en soi »

nous dit le professeur Tony Phillips de la NASA dans une déclaration sur le site de l’agence spatiale. (Et je songe calmement à la signification d’un événement dans le mondesub-lunaire)

Un autre physicien — de l’université de Stanford, Phil Scherrer — ajoute :

« Les champs magnétiques du soleil s’affaiblissent, arrivent à zéro puis réémergent avec une polarité opposée. Ceci est une partie très particulière du cycle solaire, Alors qu’il semblerait que l’évènement pourrait avoir des répercussions catastrophiques pour la galaxie, ses effets sont en fait plus subtiles, interférant essentiellement avec l’exploration spatiale. »

Le professeur Tony Phillips, en écho :

« Les rayons cosmiques sont un grand danger pour les astronautes et les sondes spatiales et quelques chercheurs disent que cela pourrait affecter la densité des nuages et le climat sur terre. »


Belles nuits d’août, adorables crépuscules marins, nous nous moquons de vous ! L’eau de Javel et les lignes de nos mains dirigeront le monde. Chimie mentale de nos projets, vous êtes plus forte que ces cris d’agonie et que les voix enrouées des usines !

Breton, Soupault

Le soleil a pris son temps, et le renversement est maintenant complet (si j’ai bien compris ce que j’ai bien lu, le pôle Nord a commencé le premier, et était plus avancé que le pôle Sud : mais je me demande comment cela peut être possible : si c’est une rotation, lorsqu’un pôle se renverse, l’autre remonte : non ?). Le processus a été très lent : de fait, des aurores, boréales, australes, vont devenir ces prochains mois, années, plus nombreuses et intenses — 

Todd Hoeksam, autre physicien :

« C’est comme une marée et ses mouvements montant et descendant. Chaque petite vague amène un petit peu plus d’eau et éventuellement vous obtenez la renverse totale. »

Quel impact,quelle portée, quelle force jusqu’à nous ?

« Le domaine de l’influence magnétique du soleil s’étend des milliards de kilomètres au delà de Pluton. Les changements des champs de polarité ont un effet propagatoire jusqu’à la sonde Voyager, qui est à la porte de l’espace interstellaire (aux confins de notre système solaire) » 

nous explique Phillips — et j’imagine alors les confins.

Sur la vidéo de la NASA, on peut voir l’ensemble du renversement : de 1997 à 2013/2014 : le vert devient mauve, la polarité positive, négative : il s’agit du cycle numéroté 24 au milieu de cycles encore plus vastes : pour les astronomes, il demeure en partie une énigme. L’activité fut très lente jusqu’en 2009, avant de s’accélérer : mais au nom de quelle loi d’urgence, de quel retard pris sur quel temps donné ?

Ce cycle, disent les astronomes, est surtout l’un des plus faibles qu’on ait pu observer — signe d’un Petit Âge Glaciaire ? Ici, à Paris, l’hiver est l’un des plus doux, et au milieu des giboulées de Mars, on sort dans les rues sans gants, et sans avoir vu la neige que sur l’écran, dans les rues de Montréal, c’est-à-dire aux confins.


Chaque chose est à sa place, et personne ne peut plus parler : chaque sens se paralysait et des aveugles étaient plus dignes que nous.

Breton, Soupault