arnaud maïsetti | carnets

Accueil > JOURNAL | CONTRETEMPS (un weblog) > qui vive

qui vive

mardi 29 avril 2014


Qui vive ? Est-ce vous, Nadja ? Est-il vrai que l’au-delà, tout l’au-delà soit dans cette vie ? Je ne vous entends pas. Qui vive ? Est-ce moi seul ? Est-ce moi-même ?

Breton

longer, partir, aller. d’une ville à l’autre au rythme des gares et des arrêts. paris toulouse aix paris marseille aix paris quoi bientôt ? les trains de nuit et les trains de jour. se réveiller à quatre heures à limoges (le lendemain être sûr d’en avoir rêvé : mais non, je possédais l’image sur mon téléphone — sans souvenir de l’avoir prise).

hier de l’autre côté du regard, quelque chose passe qui ne cesse pas ; de l’autre côté du vent, ce qui se lève encore dans le vent, tu ne le vois pas. tu vois la ville comme elle n’est pas et c’est pour cela que tu l’acceptes. tu l’entends un peu comme des enfants dans ton sommeil, ou comme la pluie lorsque sous la tente la pluie tombe sur le monde dont tu es préservé. moi, je dors encore : c’est exactement pareil.

"c’était d’abord la voix d’un espace vide", le vent pour Pessoa parle dans l’espace même, emplit ce qui n’est pas. et soudain je ressens l’espace comme du temps qui passe en moi, terriblement, s’échappe. j’éprouve de grands sommeils au soir et au matin, mais entre les deux, quelque chose qui est le contraire du sommeil. dans le sommeil, des images toujours, et des annonces. au matin et au soir, tout qui s’échappe encore. il n’y a plus rien que ce qui va arriver. et en attendant le vent partout est là comme une clé.

ces jours, du vent le désir d’emporter tous ces mois, et du vent davantage venait. sur la corniche, de la ville à gauche, à droite, derrière - devant, rien que de la mer qui allait, ou s’échouait. ces jours oui, dans les départs et les arrivées qui ne me laissent pas le temps de les écrire - de sorte qu’ils n’existent pas vraiment, le désir d’être emporté loin de ces mois pour être à demeure de l’autre côté d’eux et de les regarder de loin.

et parfois cependant le désir d’arracher la toile et de sentir la pluie sur le visage pour m’y confondre et dans les yeux regarder bien droit toute l’eau du monde venir s’y noyer - puisque ces jours sont là, les prendre. souvent, dans ces moments de bascule, penser : être après. pas là. non, là, seulement ce désir du vent, d’être là, à l’endroit du vent, au lieu où il vient frapper. être cela qui est frappé par le vent, en éprouver les jours, le présent de ces jours puisque c’est une promesse.