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La Ville écrite | Laisse-moi

jeudi 12 novembre 2015


À l’angle de l’avenue du Prado, rue de Cassis, cette écriture d’enfant qui trouble : la ville adresserait son amour au premier passant avec les mots dégoulinants d’une mauvaise chanson de variété. Mais ce qui trouble, c’est combien il rappelle un vieux souvenir de Ronsard. C’est la sensation d’un second degré qui voudrait se moquer de ces phrases qui s’échangent jusqu’à l’écœurement. C’est la férocité de Céline crachant sur nous : l’amour, c’est l’infini à la portée des caniches. C’est la tendresse envers ceux qui portent un regard chaque jour sur ces lettres pensant : c’est joli. C’est la saleté de ces murs et de la couleur des lettres sur la beauté arrachée à toute cette laideur. La pensée que, peut-être, c’est le premier passant qui aurait voulu adresser ces mots à la ville. Mais ce qui trouble, surtout, c’est l’indifférence. Et c’est le vieillard qui passera au moment où je prendrai l’image et me lancera un regard fabuleux.


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