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Ian Svenonius | Folk, rock, communisme et gang

samedi 25 novembre 2017

Le titre de l’article est grotesque et putassier, et loin de rendre compte de la richesse de ce que dit Ian Svenonius, des groupes The Make-Up et Chain and the Gang. C’est un article vieux de cet été, que je remonte pour recherches récentes et clandestines [1]

Les rapports entre politique et musique posent des questions aussi vieilles que la politique et la musique, et on y répond souvent avec l’arrogance des passés révolus. Avec la foi idiote aussi, par exemple en croyant que l’une serait nécessairement le reflet de l’autre, ou son illustration, ou son expression. Se débarrasser des croyances. Tâcher de percevoir, au-delà de la sociologie facile, combien la musique travaille la politique comme une façon de fabriquer dans le monde des manières aberrantes de lui être reliés.


Les Beatles, les Rolling Stones, les Shadows et Question Mark and The Mysterians ont tous été inspirés par le mouvement Youthquake, par la culture adolescente hors-la-loi. L’image de la délinquance était alors très puissante, il suffit de revoir West Side Story. Même si la musique rock vient du blues ou du doo-wop, son image, sa présentation et son aspect psychologique découlent de la culture du gang. C’était une grande retombée de la révolution industrielle qui montrait bien la rupture avec la famille et la communauté, l’aliénation de ces gens qui zonaient sans rien avoir à faire.

Dans mon dernier livre, Censorship Now !!, je rappelle qu’il y avait d’une part cette musique rock issue de la délinquance juvénile, laquelle a été rejetée, et de l’autre la folk. Après que le FBI eut détruit le Parti communiste aux États-unis, les communistes se sont réfugiés dans la folk pour faire circuler leur activisme des grandes causes, politiques et antinucléaires. A côté, le rock’n’roll, c’était plutôt l’activisme social - mais il a absorbé le public folk quand Dylan a viré électrique. Ça a connecté les deux courants : le rock’n’roll, une musique d’exploitation qui parle initialement de voitures et de fringues, est entré en collusion avec cette musique folk dédiée à la justice et à l’authenticité. C’est très paradoxal, c’est pourquoi le rock’n’roll est si intéressant, c’est une grosse contradiction.


[1Lire : Ian F. Svenonius, Stratégies occultes pour monter un groupe de rock, Traduit par Romain Guillou, éd. Au Diable Vauvert.