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tant qu’il y aura du temps

dimanche 27 octobre 2019


Le temps passe.
C’est sa nature.
Tant qu’il y aura du temps, il y aura l’ennui, et le temps passera.
Le passé, lui, ne passe pas.

Le parti imaginaire, À un ami



Perdre une heure ne console de rien. On ne perd pas d’heure dans ce monde : on nous en arrache avec l’automne aux premiers jours des soupes, et c’est une question de dette — pour les heures, et pour les crachats dans les soupes. Plus tard, on nous redonnera l’heure perdue : et tout ce qu’on aura perdu d’ici là, qu’on ne nous redonnera jamais ? Ni temps passé ni les amours reviennent ? Le soleil tombe d’un poids neuf avec l’automne. Tout s’est arrêté du temps. Et tout se précipite dans le silence commencé après le soleil tombé là dans les remous. Le retard est sans fin, et les rêves si précis : mais indescriptibles.

Chaque jour, se dire que tout pourrait se retrouver, de l’Histoire et de l’enfance des jours qui commençaient tout.

Du temps perdu, c’est la phrase qui revient ; avec d’autres, et les cris : ceux des hommes qui crient le soir, qu’on entend par la fenêtre, et qui hurlent même, toute une vie perdue — je pense à eux.

La mer recule et avance comme nos heures dans nos mondes inajustés à cette vie : pour mieux être remplie de cadavres. Dans le rêve de la nuit passée, je me souviens que j’étais chassé : décidément. Saint-Just a parfois le regard perdu quand il parle : tous le notent. Et tous notent qu’il n’était pas perdu pour tout le monde. D’autres pensées viennent qui tombaient avec le soir.

La rue Monte-Christo est sous les grandes eaux ; les mêmes courants que sous le Pont Mirabeau (et les jours passent : qui demeure ?). Ce qui meurt : le temps à venir.

J’ai cherché un mot ce soir pour nommer l’histoire : ce n’était pas la peine, et le soir tombait.