arnaud maïsetti | carnets

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aller vérifier la ville

samedi 19 septembre 2009

(...) Ce que la nuit a raconté pour moi : les histoires et les images qu’elles a empruntées pour le dire avec mille détours, immense et insensée complexité du rêve dont l’évidence me transperce et me désarçonne ce matin, je n’aurais pas assez de mots pour le dire, je n’aurais pas assez du sens de chaque mot posé l’un contre l’autre, dans la ligne faible et pesante (dans la ligne lente surtout) d’un récit, sur du papier couché, l’encre épais qui boit autour de lui le sens, noie tout ce qu’il pourrait évoquer.

(...) C’est qu’il me faudrait un instant, et un instant seulement pour le dire, dans la décharge de ce que le rêve a figuré tout à l’heure, dans l’énergie verticale qui s’est imposée — mais c’est sous autre forme que le jour le recueille : ces mots, état des lieux du réel, sa linéarité déjà, et ce qu’ils appellent, ce que je raconte, ce que je vais raconter : ce récit que je trouve et qui pourra endosser cette injonction — aller vérifier la ville, le monde en sa place précise et réglée.

(...) La décharge immédiate que le rêve produit sur moi possède ses avantages : il prend corps dans le réel sans explication, il le remplace. Oui, tout cela est justifié, enfin. Mais impossible à dire, sans le détruire — on prendra des détours, différents de ceux du rêve parce qu’on n’a pas les mêmes armes, mais enfin — on saura se perdre, et aussi loin.(...)