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Aube mouvante

vendredi 27 mai 2011

C’est quelque part entre Bordeaux et Angoulême, l’endroit où le jour se fait. (Angoulême est toujours pour moi le moment du premier jour). Déclencher l’appareil, à chaque mètre — mais le train va si vite. Et tout garder. Se retrouver devant les instants successifs du matin — et comment savoir à quelle image l’aube, à quelle autre le jour (et avant, à quelle : le crépuscule — et encore avant ?).

C’est quelque part, quand sur la vitre du train, on cesse de se voir en miroir, et le dehors apparaît. La nuit, on n’a qu’un visage devant soi. Et puis, je lève les yeux et je ne me vois plus, mon visage a changé, je ne vois que de la vitesse qui défile.

Je m’étais décidé depuis longtemps à prendre cette série : quelques secondes seulement, pour capter le matin. Mais je n’ai jamais réussi (oubli, paresse, fatigue). Lorsque, pour une fois, j’y pense, m’y prépare — non, c’est déjà passé. Je publie ces photos malgré tout, même si je sais qu’elles se situe après (mais après quoi ?). Peut-être que le jour est toujours ce qui vient après.

Il y a deux ans, j’avais capté cette lumière au-dessus des montages, depuis l’avenue des Pyrénées. Au début de cette année, c’est par dessus les toits de ma chambre que j’ai essayé de la voir. Cette fois, c’est dans la vitesse du train.

Séries des séries : aubes fuyantes, toujours la même ; la lumière dépend de ce qu’elle éclaire, et du regard qui s’empare. Et j’ai beau faire la course avec elle, je ne ferai que la longer, jamais la rejoindre.