arnaud maïsetti | carnets

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les églises

mardi 6 octobre 2009

Je ne m’attarde pas : je sais que les églises communiquent entre elles ; je passe de l’une à l’autre, très rapidement, sans m’arrêter : la première, presque vide, est traversée de lumière ; la deuxième est minuscule ; la troisième est étroite comme un couloir, longue comme une galerie. Je n’essaie pas de sortir, ni de m’asseoir sur un banc, mais suis seulement guidée par des voix, très lointaines. Je passe devant des vieilles femmes en prières, qui ressemblent aux statues posées devant les autels ou au niveau des transepts, statues sans visage de plus en plus nombreuses à mesure que je passe d’une église à l’autre par des portes dissimulées dont il semble que je connaisse seul le secret. Quand je me retrouve enfin dans la dernière église (et je sais immédiatement, en y entrant, que c’est la dernière), je m’arrête un moment sur le seuil : c’est une grande nef au plafond très bas, sans vitaux, les murs sont chargés de décorations, de scènes peintes ou sculptées à même la paroi. La lumière artificielle est très faible. L’église est pleine. Des gens en noirs, qui tous manifestent bruyamment un grand deuil : ils pleurent, hurlent, se secouent d’avant en arrière. Je m’assoie au fond et regarde les larmes couler.