J’aurais parlé d’Intimacy ce matin-là au milieu du cours de théâtre, et plutôt à demi-mots, rêvant intérieurement d’une scène (cette scène si précise où l’homme descend les marches vers la salle de théâtre — descend vers son propre désir, et le dévoilement de cette femme, sans qu’elle le sache ; la violence pure, et tendre, de cette scène, sur laquelle bâtir tout un théâtre, oui, tout une manière de le renverser sur la vie) ; et je n’aurais rien dit, finalement, comme toujours — puis, en remontant cette rue (...)
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_Journal | contretemps
Articles
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les deuils impossibles (nos disparus)
8 octobre 2013, par arnaud maïsetti -
feux aux portes de la ville, nuit en plein jour
11 août 2016, par arnaud maïsetti11 août
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lignes de partage
14 septembre 2010, par arnaud maïsettiCity middle (The National, ’Alligator’, 2005)
Des heures puis des heures au fil de mes yeux, aux prises avec eux sillonnant les terres de personne les poumons soufflant comme une avenue (…) les bulletins annoncent qu’aucune localisation n’est en vue pourtant je vois ce que je vois
Gaston Miron, L’homme rapaillé (’réduction’)
Lentement le soleil bientôt de l’autre côté — densité des choses les plus âpres, éprouver chaque matin dans le corps qui lance les lignes de partage : partout les lignes de (...) -
des cris (un peu)
1er janvier 2013, par arnaud maïsettivingt-trois heures cinquante-neuf, hier soir — et puis des cris, la pluie qui tombait un peu.
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Jrnl | Puisqu’il est trop tard
14 mars 2023, par arnaud maïsettiMardi 14 mars 2023
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l’absence à l’histoire
23 février 2011, par arnaud maïsettiThe Greatest (Cat Power & Van Morrison [Live in Athens])
Comment se fait-il que, même dans l’immobilité la plus close, l’instant finisse par déboucher sur un autre instant et le temps, par passer, en sorte que l’absence à l’histoire soit elle-même toute une histoire ?
Claude- Louis-Combet (Blanc, 1980)
Rue étroite. Qui habiterait là ? Plus loin, il y a bien la rue de Bizerte : c’est un lieu possible où mourir. Et en haut, Nollet ; c’est un endroit où boire jusqu’à ne plus marcher. Mais ici, entre (...) -
de ce qui est inéluctable
2 décembre 2017, par arnaud maïsettiJe ne voudrais pas rater ce livre si intimement impersonnel.
Blaise Cendrars, correspondance à Jacques-Henry Lévesque, lettre de 1945 The Troublemaker, Get Misunderstood
la voix de Jean-Pierre Léaud,
Personne ne sait ce qui se passe aujourd’hui parce que personne ne veut qu’il se passe quelque chose, en réalité on ne sait jamais ce qu’il se passe on sait seulement ce que l’on veut qu’il se passe, et c’est comme ça que les choses arrivent. En 17 Lénine et ses camarades ne disaient pas : « Nous (...) -
soir à montorgueil
6 juillet 2010, par arnaud maïsettiMarion Barfs (Clint Mansell) Les mots de ceux qu’on frôle dans le noir alors qu’on marche sûr de soi et de sa direction, et en face, eux aussi ; alors on se croise comme on avancerait chacun dans un couloir différent, et les conversations qu’on saisit à la volée, au passage, quand on est à hauteur et qu’on entend : il n’est pas mort de ça
-- , ceux-là qu’on ne croisera plus jamais, c’est en bas de Montorgueil (le soir de la lecture), allée Breton dans les Halles, à l’ombre de Saint-Eustache, on a du Clint (...) -
disharmonie numérique, ou la vie des ruines
22 janvier 2018, par arnaud maïsetti22 janvier
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l’heure prime
11 janvier 2012, par arnaud maïsettiDe prime face, qu’on rejoigne le jour d’un bout à l’autre de lui-même, de minuit à minuit, et cela produit dans le corps cette continuité faible du courant qui maintient la lumière dans la pièce, d’après le silence qu’il fait, on peut entendre le courant, la vibration infime qui traverse, jette les ombres qui recouvrent les fissures sur le mur ;
chaque jour, j’apprendrai ainsi comment c’est de mourir chaque jour de le vivre, comment c’est de le naître intérieurement, et de saisir en chacun de ses points (...) -
le portrait de mon visage (nous étions presque arrivés)
27 avril 2013, par arnaud maïsettij’ai pris le train jusqu’aux bords de la ville, et le bord n’avait pas de fin, c’était la ville elle-même, la ville était son propre bord, c’était là où j’étais arrivé, le soir.
nous avons atteint des terres interminables et nous avons vu, derrière, quelque chose comme de la mer, c’était le sable, nous avons traversé, c’était la ville qui continuait, il fallait continuer, nous étions presque arrivés pourtant : c’était ce matin.
et après, c’était la même chose.
nous avions le choix d’avoir le choix, et nous (...) -
loin de tous les soleils
30 avril 2018, par arnaud maïsetti30 avril 2018
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signes (et quelques vers de Hugo)
16 septembre 2009, par arnaud maïsettiOn peut bien traquer les signes, ce sont eux qui nous trouvent (au réveil, dans la marche, sur la ville, le nuage qui dessine tel visage, telle lettre) : on est face à ça comme devant son propre visage — on a beau effacer le miroir, la peau reste la même, la reconnaissance tout aussi impossible.
Ensemble, on parle deux heures, de ces signes (le visage de Hugo, sa statue quelque part en Asie, dans le village qui lui voue un culte), signes qui tracent les routes pour soi — et on ne se pose pas de (...) -
sur le fil, bras tendus
25 décembre 2009, par arnaud maïsettiFranchir sans regard pour le vide qui se déplace à chaque pas sous le corps, un jour après l’autre, tendre les bras comme un funambule, mais c’est de marcher que je m’endors, alors je vais ; et un pas dans le vide retarde le vide encore : je n’ai pas peur.
Il fait grand ciel bleu aujourd’hui, et les nuages d’hier, où sont-ils ? Dans le rêve d’hier, c’étaient, sur de grands paysages, des nuages qui sortaient du sol et qui prenaient la place de la surface du monde. Je marche sur des reliefs transitoires, (...) -
dans son apothéose
1er septembre 2010, par arnaud maïsettiObscurément, dans les flancs du monstre, vous avez compris que chacun de nous doit tendre à cela : tâcher d’apparaître à soi-même dans son apothéose. C’est en toi-même enfin que durant quelques minutes le spectacle te change. Ton bref tombeau nous illumine. À la fois tu y es enfermé et ton image ne cesse de s’en échapper. La merveille serait que vous ayez le pouvoir de vous fixer là, à la fois sur la piste et au ciel, sous forme de constellation. Ce privilège est réservé à peu de héros. Mais, dix secondes (...)
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regarder le mur faire le monde
27 août 2018, par arnaud maïsetti27 août 2018
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dans le désir et la volupté
4 janvier 2011, par arnaud maïsettiSorrow (The National , ’High Violet’, 2010) L’HOMME : continue, faisant un geste en direction des tombes ce ne sont pas des bêtises ils ont vécu et maintenant ils sont là maintenant ils sont morts maintenant il ne reste plus rien de la plupart d’entre eux bref silence ils n’étaient rien rien du tout puis il y a eu deux êtres humains qui allez savoir comment dans le désir et la volupté en tout cas oui il y a eu deux êtres humains qui il s’interrompt, regarde une tombe peut-être y-a-t-il eu un homme (...)
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comme un oui vengeur [Avignon #3]
15 juillet 2018, par arnaud maïsettiIl faudrait sans doute en finir – par exemple et pour commencer avec les sens uniques, et tout ce que le sens peut unifier, avec les panneaux à l’entrée des villes interdites, et avec les villes, leurs Palais et leurs Papes : et garder quelques murs pour la seule raison qu’on pourrait avoir besoin d’eux quand il s’agira de les faire tomber ?
Il faudrait sur un coup de tête essayer de trouver comment faire de ce monde quelque chose de possible : on accumule les critiques (le mot ment : c’est (...) -
contre-histoire
14 février 2010, par arnaud maïsettiRien n’est à toi, dit la chanson que j’écoute, volume au plus haut pour qu’aucune note ne m’échappe, ni le souffle de l’air autour, et les silences qui font tenir haut la voix du type qui crache ses mots comme si ne pas les dire ferait s’effondrer le monde ; et comme je suis là, dans la pièce chaude, entouré de cela, la nécessité de l’histoire ce soir, l’urgence de la prolonger.
Rien n’est à toi, c’est juste l’histoire du monde ; aux salariés de cette usine, disent les informations, on envoie une lettre (...) -
dans l’écriture des jours d’oubli
13 mars 2016, par arnaud maïsettiLe cœur humain est né pour la faiblesse, Et l’héroïsme est un joug qui l’oppresse.
Saint-Just, Organt, 1789 (poème lubrique) Images : vers Marseilleveyre, les arbres tendent leurs branches vers le sommet du ciel
Ce soir, la nuit tombe sur toute la semaine — et sur les précédentes, de tout son poids, de toute sa hauteur de nuit. Je relis le long poème de Saint-Just, évidemment illisible, débordant de tout un désir de littérature, un désir de désir qui l’entrave ; et l’ombre invisible de l’Histoire plane (...)