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2017, année politique | suites et fins
Tenir parole
samedi 17 juin 2017
Vivre sans gouvernement est assurément un bel objectif à se donner. Mais ça l’était pareillement en 2005 et pareillement déjà en 1850…
Lire Jacques Rancière (En quel temps vivons-nous ? [1]) pour lire le monde : et savoir quelle date a échoué sur nous, et de quelle date prendre appui pour sauter par-dessus ces vieilles choses qui régentent ce monde, le régenteront avec arrogance dès dimanche soir, à marche forcée contre nous.
Dernier dimanche avant liquidation : les résultats donneront le pouvoir, qui leur autorisera à l’exercer contre nous. Brave dimanche, brave mandat à venir.
Écrire : répondre à un mandat qui n’a pas été donné (Kafka) – est-ce qu’il faudra s’en tenir là ? Non, mais déjà là, oui. Bien sûr, écrire et parler ne seraient qu’écrire et parler, quand eux agiraient, et sur nous encore. Faut-il cesser dès lors de parler et d’écrire ? D’un côté, on nous dira combien cette parole n’a pas de légitimité face au mandat ; de l’autre, on nous dira combien il serait préférable de lutter. Oui, lutter sans doute, et écrire, aussi.
Image de 2017 : cette affiche arrachée dont il ne reste que l’année, comme un vestige. Ainsi le présent est-il déjà une ruine, un oubli ?
Dans ces ruines, danser ? Ou aller. Et écrire ? Tenir parole, encore et encore.
La parole qui maintient aujourd’hui ouverte la possibilité d’un autre monde est celle qui cesse de mentir sur sa légitimité et son efficacité, celle qui assume son statut de simple parole, oasis à côté d’autres oasis ou île séparée d’autres îles. Entre les unes et les autres il y a toujours la possibilité de chemins à tracer. C’est du moins le pari propre à la pensée de l’émancipation intellectuelle. Et c’est la croyance qui m’autorise à essayer de dire quelque chose sur le présent.
J. Rancière