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Des nouvelles de la Mohawk Warrior Society

Souveraineté et résistance

samedi 26 novembre 2022


L’écriture du récit autour de la figure perdue d’Etienne Brûlé, coureur de bois du Nouveau Monde des premières heures qui déjà en dessinaient les fins, n’aura été qu’un prétexte pour approcher ce qui demeure vivant par-delà l’écrasement colonial — écrasement qui est sans doute celui qui détermine et représente tous les autres. Puiser des forces non pas seulement aux textes anciens qui ont raconté les siècles des conquêtes, mais aux paroles présentes des luttes encore en cours menées aussi au nom de ce passé qui refuse d’être mis dans les musées ou sous-terre et piétiné. Un exemple ces jours.

En 1979, Louis Karoniaktajeh Hall fait paraître Le Manuel du guerrier, qui raconte comment une lutte – celle de la Société de Guerriers kanien’kehá:ka (la Mohawk Warrior Society) est née, s’est construite et renforcée, jusqu’à devenir le fer de lance de toutes les luttes indigènes et au-delà, démasquant la logique coloniale à l’œuvre dans les temps dits post-coloniaux partout dans le monde.

Est paru il y a quelques semaines aux éditions québécoises de la rue Dorion l’impressionnant ouvrage — sous-titré Manuel de souveraineté autochtone– rassemblant, outre la brochure de Karoniaktajeh Hall, plusieurs témoignages participant de l’écriture d’une histoire orale de la Confédération iroquoise rapportant cinq siècles de lutte sur l’Île de la Tortue, appelée aussi l’Amérique du Nord [1] . Les textes sont accompagnés d’un riche travail éditorial sous la direction de Philippe Blouin, rassemblant les travaux de chercheurs et militants – sous la direction de Matt Peterson, Malek Rasamny & Kahentinetha Rotiskarewake – dialoguant autour de cette histoire, de son passé et de son devenir. Car ces luttes mohawks sont encore en cours : contre l’anéantissement des peuples, le vol des terres et l’assassinat patient de leurs mémoire, des paroles et des gestes existent, qui sont aussi des actes.

Je dirai ces prochains jours le fruit de ma lecture, et dépose ici un entretien paru dans Lundi.am#354, le 11 octobre 2022.


NOUVELLES D’ANOWARÀ:KE

À propos des luttes des Mères mohawks au Canada

Cet article est le fruit d’une rencontre entre un voyageur proche de lundimatin, un compagnon de route des luttes mohawks et les Kahnisténhsera (les Mères mohawks) elles-mêmes. Les Mohawks sont une nation Iroquoise de « L’Île de la Tortue » (que certains appellent l’« Amérique du nord ») qui luttent depuis des siècles contre les colons Français et Anglais. De l’arrivée de Jacques Cartier en 1535 au programme MK-Ultra de la CIA après la Seconde Guerre mondiale, les Mohawks ont affronté plusieurs ennemis. Depuis les années 60, la « Warrior Society », une organisation autonome de combattants, a pour but de faire respecter leur autonomie contre les incursions coloniales mais aussi de développer une économie indépendante. Cet article intervient alors qu’un livre racontant les combats de la Mohawk Warrior Society sera publié en novembre prochain aux Éditions de l’Éclat. Bonne lecture.

1. QUELQUES ÉLEMENTS DE CONTEXTE

Les premiers Français sont arrivés sur les terres qu’ils nommeront Canada avec Jacques Cartier en 1535. Sur place ils ont découvert un imposant village entouré de champs de maïs sur l’île qu’ils nommeront « Montréal », habitée par les Rotinonhsonni (Iroquois). Les colons français restés sur place lors de la première expédition seront décimés par le scorbut et le rude hiver local. Une deuxieme excursion reviendra sur place en 1611 avec le voyage de Samuel de Champlain. Le village avait alors été laissé en friche, suivant le mode de vie semi-nomade des Iroquois, qui les amenait à changer d’emplacement à chaque quart de siècle pour y revenir une génération plus tard, laissant ainsi la terre se reposer entre temps. Les Français s’y sont installés, niant depuis lors que c’était une terre volée. Les Iroquois les ont appelés les Kanatiens - les squatteurs, ou plus précisément « Ceux qui se sont encastrés dans la terre » ; et ils ont baptisé Montréal Tionni’tio’tià:kon, « Là où les gens se sont séparés ».

Les Iroquois n’ont jamais oublié cette usurpation. En tant que principale force sociale, politique et militaire du Nord-Est du continent américain, les cinq nations (Mohawk, Oneida, Onondaga, Cayuga et Sénéca - d’est en ouest) de la Confédération Iroquoise n’ont jamais cessé de tenir tête aux Français. C’est en grande partie grâce à leur appui que la Grande-Bretagne a fini par conquérir l’ensemble du Canada en 1759 dans la guerre face aux Francais. Et malgré les politiques génocidaires mises en place à travers le 19e siècle pour faire disparaître les autochtones et mettre la main sur leurs terres, ils sont encore là.

Autour de Montréal, deux communautés mohawks subsistent, menant un mode de vie farouchement indépendant : Kahnawake sur la rive sud, et Kanehsatake sur la rive nord du fleuve St-Laurent. Dans les années 1960, ils créent la « Warrior Society », une organisation autonome de combattants, qui a pour but de faire respecter leur autonomie contre les incursions coloniales mais aussi de développer une économie indépendante (tabac, casinos, essence et cannabis sans taxes). En 1990, dans la ville d’Oka, proche de Montréal, en réponse à la résistance de warriors mohawks contre un projet d’extension du terrain de golf sur un cimetière ancestral de Kanehsatake, l’Etat a mené l’une des opérations militaires les plus importantes de l’histoire canadienne. C’est l’armée qui est intervenue pour mettre les communautés mohawks en état de siège pendant 78 jours. L’Etat canadien n’a fait aucune concession quand aux diverses revendications des Mohawks. Cependant l’extension du terrain de golf n’a jamais vu le jour.

La « Crise d’Oka » a néanmoins obligé le gouvernement canadien à réviser son attitude vis-à-vis des autochtones pour empêcher de nouvelles confrontations. Depuis une dizaine d’années c’est un discours de « Réconciliation » qui a pris les devants officiellement. Les actes quant à eux poursuivent leurs logiques de colonisation avec, pour parfait exemple actuel, la guerre de l’Etat canadien pour imposer aux [Wet’suwet’en-https://www.netnewsledger.com/2022/09/19/gidimten-camp-defenders-claim-coastal-gaslink-set-to-drill/] en Colombie-Britannique un projet de construction d’un pipeline qui dévasterait leurs terres. Or la langue mohawk ne contient pas de mot pour donner ses excuses ; elle ne permet que de dire enhskerihwakwatá:ko - , "je vais corriger mon erreur". Plutôt que de réconciliation, elle parle de restitution.

Aujourd’hui les luttes et débats publics sont durement réactivés avec la découverte de nombreuses tombes anonymes autour des pensionnats religieux où officiellement on estime à 150 000 le nombre d’enfants autochtones qui ont été envoyés de force entre les années 1880 et 1990. Dans ces pensionnats, on leur interdisait de parler leur langue ou de pratiquer leurs coutumes pour leur inculquer les langues européennes et la foi chrétienne tout en leur faisant subir les pires sévices pour lesquels les prélats catholiques sont célèbres. Après de longues luttes pour demander des fouilles, c’est une équipe autonome de chercheurs qui a fini par découvrir les restes des corps de 215 enfants autochtones autour de l’ancienne école de Kamloops, en Colombie-Britanique, en juin 2021. Un mois après on trouvera encore 751 tombes anonymes à côté de l’école de Marieval en Saskatchewan. A l’heure actuelle les recherches se poursuivent encore autour des écoles et on peut s’attendre à ce que des tombes similaires soient découvertes d’un océan à l’autre.

2. LA KAIANEREKOWA IROQUOISE

Il n’est plus à prouver que l’Etat canadien s’est bâti sur l’usurpation génocidaire et infanticide de terres qui n’ont jamais été cédées. La question de la restitution exige par ailleurs de connaître ce qui doit être remis en place. Pour ce qui est des Iroquois, ce qu’il s’agit de restaurer n’a, par chance, jamais disparu. Leur constitution ancestrale, la Kaianerekowa, demeure vivante, ayant longtemps été transmise oralement avant d’être mise à l’écrit au début du XXe siècle. La Kaianerekowa est un pacte décrété entre les cinq nations iroquoises pour réglementer leurs rapports de pouvoir et de responsabilité autant extérieurs qu’intérieurs, suivant la répartition entre ses principaux clans : Ours, Loup et Tortue.

Selon l’article 44 de la Kaianerekowa, ce sont les Kahnisténhsera, les femmes et les mères mohawks, ou littéralement les « donneuses de vie », qui sont les gardiennes souveraines d’A’nowarà:ke, l’île de la Tortue, tel qu’est appelé le continent nord américain. Elles en sont les gardiennes pour les générations futures. Nous avons, dans le courant du mois de janvier 2022, rencontré trois de ces mères mohawks qui nous ont expliqué leurs luttes passées et celles en cours. À travers ces récits on peut sentir la bravoure de ces peuples qui, depuis 500 ans, n’ont cessé de lutter contre un envahisseur qui n’a jamais caché son projet d’extermination. Ces histoires nous montrent la violence militarisée à laquelle doivent faire face les autochtones qui tentent de préserver leur terre, leur dignité et leurs modes de vie. Ces luttes trouvent une articulation autour de la question de la propriété de la terre, et de la volonté d’anéantissement, par l’État, des premières nations, afin d’exploiter librement toutes les richesses qu’elle contient.

3. LA RÉSISTANCE MOHAWK

L’une des illustrations de la résistance est la lutte actuelle des Kahnisténhsera pour dévoiler la vérité sur le programme Mk-Ultra. Dans les années 1950 et 1960, en pleine guerre froide, les USA soupçonnent l’URSS et la Chine d’avoir trouvé des méthodes de lavage de cerveau plus efficaces encore que les écoles, la propagande, la publicité et l’emprisonnement. Soupçons probablement survenus en voyant certains de leurs GIs se convertir au communisme après avoir été fait prisonniers pendant la guerre de Corée. La CIA a donc développé le programme Mk-Ultra afin de devancer ses ennemis au chapitre du pouvoir sur l’esprit humain. Le quartier général de ce programme était à l’institut Allan Memorial de l’Université McGill, à Montréal, où l’éminent psychiatre Ewen Cameron a développé des techniques expérimentales à la fine pointe de la technologie d’alors. Elles consistaient à expérimenter la combinaison de psychotropes (incluant le stock entier de LSD racheté à la firme Hoffman), de privation de sommeil et d’électrochocs très puissants dans une première phase afin d’effacer la mémoire d’un sujet ("depatterning"). Dans la deuxième phase, celle du "psychic driving", il tentait de reprogrammer les sujets en les mettant dans un coma prolongé sous barbituriques, parfois pendant des mois, en leur passant en boucle des messages sur des magnétophones.

Bien évidement ces expériences se faisaient dans le plus grand secret et sur des patients qui n’avaient aucune idée qu’ils étaient utilisés comme cobayes par la CIA. En 1974 le New York Times a fini par révéler l’existence du projet. Après de nombreux rebondissements ainsi que des tentatives de déni, en 1995, Bill Clinton, alors président des États-Unis, est contraint de présenter des excuses publiques. A ce jour il est difficile de savoir combien de personnes ont été cobayes car, d’une part, le principe des expériences était d’effacer la mémoire et, d’autre part, une bonne partie des archives ont été détruites sur ordre de la CIA.

Au cours de l’année 2021, les Kahnisténhsera interviewent Lana Ponting, une survivante octogénaire du projet MK Ultra, qui avait 16 ans lors des expériences qu’elle a subit à l’institut Allan Memorial. Lana Ponting est l’une des rares survivantes à avoir retrouvé la mémoire des événements vécus à cet institut. Elle a déclaré avoir aperçu des enfants autochtones dans le laboratoire behavioral, possiblement transférés d’écoles résidentielles où ils étaient sous la "tutelle de l’État", confirmant la rumeur circulant selon laquelle certains de ces enfants autochtones n’ayant pas survécu aux expériences auraient été enterrés à même le jardin de l’institut.

Cet entretien a coïncidé avec un projet de rénovation des bâtiments de l’institut Allan Mémorial et de l’ex-hôpital voisin, le Royal Victoria, pour en faire un nouveau campus de l’Université McGill. Dans ce contexte les Kahnisténhsera ont décidé de poursuivre McGill en justice. Les peuples Iroquois n’ayant jamais cédé ces terres, elles poursuivent aussi les gouvernements canadien et québécois, ainsi que la ville de Montréal, qui ont autorisé le projet sans la permission des autochtones. Elles demandent que l’institut Allan Memorial soit considéré comme une scène de crime et que des fouilles archéologiques indépendantes soient menées pour déterminer la véracité des rumeurs. Au vu de l’acharnement des autorités à masquer les preuves de leurs crimes, au vu des politiques actuelles qui utilisent encore, comme à Guantanamo, les pratiques du Dr. Cameron pour les techniques d’interrogatoires - et du fait qu’il reste très peu de survivants du projet Mk-Ultra, ces fouilles semblent être la dernière chance de connaître la vérité sur ce qui s’est passé.

Le dossier d’enquête et les témoignages déposés par les Mères mohawks à la cour sont disponibles ici

En guise de réponse, les accusés ont affirmé devant les médias qu’ils seraient prêts à collaborer avec les "autorités autochtones" sur la question des fouilles à l’institut Allan Memorial - tentant d’éviter tout dialogue avec les Kahnisténhsera pour plutôt traiter avec les Conseils de bande. Au cours de notre entretien nous avons interrogé les Kahnisténhsera au sujet de ces « conseils de bandes », afin de comprendre quelles sont ces institutions qui prétendent représenter les autochtones :

« L’État veut nous exterminer et les gens qui les aident sont les Conseils de bande. Les Conseils de bande ont vendu notre peuple. Les réserves où l’État nous oblige à vivre, après avoir volé nos terres, sont des camps de prisonniers de guerre dirigés par l’armée et par l’intermédiaire de Conseils de bande, qui sont composés d’individus autochtones ayant renoncé à leurs traditions. Le département des affaires autochtones dépend de l’armée : chaque fois que nous nous révoltons, c’est l’armée qu’ils envoient, car nous sommes considérés comme des prisonniers dans le système qu’ils ont mis en place, comme des mineurs sans droits. C’est ainsi qu’ils ont pris tout ce que nous avions pour le placer sous leur juridiction. Le conseil de bande est payé et travaille pour l’État canadien, et il ne nous fait jamais part de ses tractations : tout est confidentiel. Traditionnellement nous ne votons pas : notre système de gouvernement passe par un consensus entre les clans. Mais les Conseils de bande ont été imposés utilisant un système de vote similaire à la société extérieure, où, finalement, seuls les gens qui travaillent pour le Conseil de bande votent aux élections. »

Dans leur dossier soumis à la Cour, les Kahnisténhsera réaffirment qu’elles sont les seules à pouvoir décider de l’avenir de leur terre, qu’elles en sont protectrices et que toute action sur les terres traditionnelles non cédées doivent avoir leur assentiment. Donc toute action sur les terres de Montréal et sur l’Allan Mémorial ne peut se faire sans leur accord. Elles demandent à la Cour de faire respecter les lois à ces sujet, mais ne reconnaissent pas pour autant son autorité : elles ne saisissent les tribunaux coloniaux que pour qu’ils obligent leurs citoyens à respecter leurs propre loi. Cependant elles réaffirment que l’Etat canadien doit traiter avec les autochtones comme avec une autre nation, qui devrait être de droit la seule souveraine sur ce territoire. Elles disent : « Il n’y a aucune preuve que Montréal et le reste du Canada ait été cédé aux colons par les autochtones. Toutes les parties qui ont acheté et vendu ces terres au cours de l’histoire se sont en vérité rendues coupables de recel ».

À la Cour, elles demandent de reconnaître leur vérité : "à savoir que les peuples originaux d’a’nowarà:ke (île de la tortue) et leurs systèmes juridiques font partie de la réalité écologique durable qui permet à la vie de continuer. Ils font partie de la terre, de l’eau, de l’air et du soleil qui sont nécessaires à la vie. La loi canadienne, la common law britannique et le droit civil français sur lesquels elle est basée, n’ont aucune prise sur la réalité naturelle d’a’nowarà:ke, ayant plutôt entraîné sa destruction en soutenant des projets nuisibles à l’environnement qui étaient en violation avec le kaianerekowa. »

« La chaîne d’alliance en argent et le wampum à deux rangs sont les protocoles qui, à l’origine, permettaient aux colons européens de partager une existence sur a’nowarà:ke. Les colons acceptaient de conserver leur culture, leur langue et leurs coutumes à bord de leurs navire, garantissant que le canoë indigène resterait toujours souverain sur le continent d’anowarà:ke. Ni le wampum à deux rangs, ni la kaianerekowa n’ont autorisé aux colons d’empiéter de quelque façon que ce soit sur la terre, sauf pour faire pousser de la nourriture dans la profondeur d’une pelle pour leur subsistance. Ils n’étaient pas autorisés à construire des infrastructures ni à extraire nos ressources naturelles. »

Elles concluent :

« Aujourd’hui, nous embarquons sur le bateau européen pour rappeler aux colons la loi originale de cette terre. Le tribunal colonial sous votre voile n’a aucune juridiction sur nous, les souverains kanienkehaka:onwe. Vous avez la juridiction sur votre propre peuple, sur votre navire. Sans notre permission, la gouvernance de votre peuple a outrepassé sa juridiction, violant la kaianerekowa. Votre vaisseau est temporairement enchaîné à nos rivages par un accord de chaîne d’alliance d’argent. Nous demandons que vos colons nous respectent et suivent leurs propres lois [2] pour arrêter le génocide et les crimes contre nous. Nous ne sommes pas des sujets canadiens. Notre culture est basée sur le monde naturel. Nous vous dirons la vérité, et nous attendons que vous la respectiez. »


[1L’ouvrage paraîtra en janvier aux éditions françaises de l’Éclat, sous-titré « Manuel pour la souveraineté et la résistance »

[2* Elles parlent ici de la déclarations de l’ONU droits des peuples autochtones qui a été adoptée en 2007 après 20 ans de négociations et ce malgré l’opposition des États-Unis, du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande. Elle affirme les droits à réparation et à l’autodétermination pour les 370 millions d’autochtones dans le monde. Cette résolution est juridiquement non contraignante.