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La Chute des corps #3
vendredi 28 novembre 2008
III.
Chacun sa seconde à soi en propre attribuée à soi rien qu’à soi
Tous pareils dans cette solitude unique
Comme une voix une manière de marcher
Comme une façon d’avancer, de tomber
De compter comme une manière de frapper de cracher
Pour chacun
Une part de cette vitesse
De cette chute
Une part de ces lois
Ce que l’aube arrache de nos peaux mortes d’hier
Ce qui se dépose au matin sous les yeux sous les ongles
Quand le soir s’oublie au réveil et se perd
Se confond avec tous les jours de toutes les nuits passées
Et s’oublie pour mieux s’inventer une histoire à dormir debout les poings fermés sur la réalité
Prêts à s’épandre
Ce qui se dépose au soir
Quand le matin n’est plus qu’une peine
Traînée jusqu’à la fatigue
Encore et encore
Et encore
Et que cette fatigue comme un corps de plus à porter
De plus que notre propre corps
De plus que notre propre haine
Chaque soir
De chaque jour
Comme une fatigue de plus
Comme une fatigue de trop
Et qui n’est jamais la dernière
Qui n’est jamais l’avant dernière
Mais
Une part de cette vitesse
De cette chute
Une part de ces lois
Chaque matin
Comme une marée qui ne monte que pour descendre que pour monter bientôt descendre et remonter descendre et de nouveau descendre jusqu’à monter et n’en plus finir de finir de monter de descendre remonter encore
il y a
Il y a
Ce que nous sommes
et il y a ce que nous voulons
Déplacer la fatigue
Et trouver la formule qui saurait la réduire
Qui saurait la changer
En sommeil véritable
Qui saurait la parler
Saurait sa langue qui saurait lui parler
Qui saurait lui dire
Ce que nous sommes
Ce que nous lui devons
Ce que nous sommes
Et ce que nous cherchons
Ce que nous avons trouvé
— > #IV