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Koltès | Dictionnaire · MEXIQUE

Une entrée

jeudi 28 décembre 2023


Un an tout juste après la parution de l’ouvrage,
je reprends ici mes textes parus dans le Dictionnaire Bernard-Marie Koltès,
sous la direction de Florence Bernard aux éditions Honoré Champion,
en décembre 2022.

— Entrée Mexique

Les autres entrées :

— AU-DESSOUS DU VOLCAN, DE M. LOWRY
— CASARÈS
— CINÉMA
— LA NUIT PERDUE
— LESLIE (SALLINGER)
— LOCUTEUR DE LA NUIT JUSTE AVANT LES FORÊTS
— MEXIQUE
— NEW YORK
— REGGAE
— RÉCIT
— RIMBAUD
— RUSSIE


MEXIQUE

Le Mexique fait partie des terres d’élection de Bernard-Marie Koltès. Le pays porte les attributs qui l’enthousiasment : terre de brassage liant l’Amérique du Sud et du Nord, il plonge son *histoire dans des *mythes immémoriaux qui sont comme des utopies si lointaines qu’elles pourraient être destinées à notre avenir.

Koltès fréquentera peu le Mexique. Mais l’expérience sera à chaque fois suffisamment forte pour le marquer durablement. Son premier séjour a lieu à l’été 1978 ; Mexico est une escale sur le chemin de son *voyage en Amérique Centrale, au *Nicaragua puis au *Guatemala où il écrira *Combat de nègre et de chiens. Il atterrit le 21 août à Mexico, loge dans de mauvais hôtels et découvre le Paseo de la Reforma qui s’avère riche de rencontres. La ville est pour lui ce mélange qui le sidère, l’inquiète et l’aimante :

« Mexico est une ville vraiment folle, je la trouve encore pire que *New York, mais il y a des musées qui sont de vrais trésors, ainsi que des églises. Je passe des heures dans les uns et les autres » [1].

Il doit repartir vite. Après plusieurs mois au Guatemala, il repassera par le Mexique, à San Cristobal de las casas en décembre, d’où il partira pour Palenque : les temples mayas du Chiapas, au bord de l’Usumacinta, rejouent l’émotion du site de Tikal visité à l’automne au Guatemala – émotion renforcée par la pluie apocalyptique qui transforme les chemins en ruisseaux et laisse les ruines désertes de touristes. Ces décors seront la source des fantasmes baroques qui hantent l’œuvre de Koltès, ces *lieux traversés par la lumière et peuplés d’ombres anciennes.

Koltès retournera une seule autre fois à Mexico. En janvier 1989, alors très malade, il exprime le *désir de revenir sur les traces de son voyage au Guatemala, peut-être pour revoir les ruines de Tikal, ou ce village lacustre de San Pedro La Laguna. En compagnie de Isaach de Bankolé, il fait de nouveau escale au Mexique où il retrouve son ami Carlos Bonfil, critique de *cinéma à Mexico. Mais, gagné par l’urgence, il quitte rapidement Mexico seul – sans Bankolé ni Bonfil. Trop affaibli, il passera peu de temps au Guatemala où il ne reverra ni Tikal ni San Pedro. Mexico sera son dernier voyage aux Amériques.


[1Lettres, p.402