Reflections (Thelonious Monk, "Thelonious Alone in San Francisco") On marcherait sur les reflets de la ville dont on brouillerait l’écume, ville qu’on piétinerait en même temps que notre visage — il n’y a pas de honte. On dessinerait avec tout notre poids les rides et les creux qui disent l’âge mieux que les années —
et on y mêlerait, en fredonnant un vieil air de jazz sans mélodie, des crachats d’enfant dans l’illusion reflétée du ciel auquel on ne croit pas une seconde, et dont on échangerait pour le (...)
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_douleurs
Articles
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reflections
26 mai 2010, par arnaud maïsetti -
cette part monstrueuse
7 juin 2010, par arnaud maïsettiBack of your head (Cat Power, "Moon Pix", 1998)
Saw the back of your sweet mother’s head Now I know that she thinks I am dead Dans la plupart de nos vies, il y a cette part monstrueuse de soi à l’affut, derrière une rue plus oblique, sous un poids de souvenirs moins cachés, ou dans le crâne quand on se relâche, à l’aube et qu’on a finit de rêver mais pas de dormir. Revient la figure scarifiée d’une vie perdue : tel corps de désirs à s’emparer, tel endroit du monde où aller ; telle ligne à écrire qui (...) -
Reiner Maria Rilke | « La Grande Solitude intérieure »
31 août 2012Être seul comme l’enfant est seul
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pas de témoin pour cette nuit
10 juillet 2010, par arnaud maïsettiSoft Black Stars (Antony & The Johnsons, ’I Fell in Love With a Dead Boy (EP)’, 2001)
Let them trace the raindrops under soft black stars Let them follow whispers and scare away the night De la vitesse d’exposition des corps — de la grandeur des pupilles sur l’horreur — de la profondeur des plaies quand on les élargit pour en vérifier la présence — de la largeur des entailles sur le rêve, au matin, quand on l’écrit — du nombre de chiens errants morts à Bagdad ce mois — de la souillure, des rues (...) -
un rêve #528 | escaliers
22 juillet 2010, par arnaud maïsettiUn rêve : je monte un escalier comme on le descend, impression de m’enfoncer
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Hurlements en faveur de soi [# 3]
5 janvier 2012, par arnaud maïsettiTrente variations : pluie ; rat ; ville
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Télémaque, à peine
24 mars 2014, par arnaud maïsettiDavid | Les Aventures de Télémaque
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Autoportrait aux yeux fermés
26 juin 2012, par arnaud maïsettidouleur
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des cadavres en moi
2 novembre 2010, par arnaud maïsettiWhere Gravity Is Dead (Laura Veirs, ’Year Of Meteors’ [2005])
A l’âge d’homme, j’ai vu s’élever et grandir sur le mur mitoyen de la vie et de la mort une échelle de plus en plus nue : le rêve. Ses barreaux, à partir d’un certain progrès, ne soutenaient plus les lisses épargnants du sommeil. Après la brouillonne vacance de la profondeur injectée dont les figures chaotiques servirent de champ à l’inquisition d’hommes bien doués mais incapables de toiser l’universalité du drame, voici que l’obscurité s’écarte (...) -
chercher une prise
18 août 2010, par arnaud maïsettiPar rapport à nous, l’imagination place le monde futur soit en hauteur, soit en profondeur, ou bien dans la métempsychose. Nous rêvons de voyages à travers l’univers, mais l’univers n’est-il pas en nous ? Nous ne connaissons pas les profondeurs de notre esprit. –
Novalis Forests and Sands (Camera Obscura — ’My Maudlin Career’ 2009) Dans le rêve de cette nuit, si imprécis, si rapide, il y avait des guerres d’enfant, des coups portés sur des murs, des peurs sans objets, immenses, des joies brèves qui (...) -
contre-histoire
14 février 2010, par arnaud maïsettiRien n’est à toi, dit la chanson que j’écoute, volume au plus haut pour qu’aucune note ne m’échappe, ni le souffle de l’air autour, et les silences qui font tenir haut la voix du type qui crache ses mots comme si ne pas les dire ferait s’effondrer le monde ; et comme je suis là, dans la pièce chaude, entouré de cela, la nécessité de l’histoire ce soir, l’urgence de la prolonger.
Rien n’est à toi, c’est juste l’histoire du monde ; aux salariés de cette usine, disent les informations, on envoie une lettre (...) -
Henri Michaux | « Un homme perdu »
27 février 2019, par arnaud maïsettiJe me trouvais au milieu d’une plaine
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la ville est un sas (et la lumière)
8 septembre 2012, par arnaud maïsettiEntre le bureau et le bureau, la ville est ce sas. Tous les matins, vers 9h, puis le soir, quand le soleil tombe, il est 19h, être seulement dehors celui qui croit qu’il n’est plus dedans. On a comme cela, de ces ruses. Pour tromper qui ? Quand je me retournerai sur ces mois (cela finira bien par arriver), il me restera peut-être ces marches par dessus tout, quand il s’agit de faire le vide : en fait, le vide se fait tout seul. Même plus besoin de musique. Sortir dans le vide de soi. Voir (...)
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Radiohead | Et plus encore
28 avril 2009, par arnaud maïsettihow i made my million | Radiohead
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planifier les combats
6 juin 2010, par arnaud maïsettiStart a War (The National, "Boxer", 2007)
Walk away now and You’re gonna start a war Echafauder des plans contre sa propre lenteur, la torpeur du jour — planifier chaque minute : en intercepter les courbes de moindre intensité pour les accélérer. Comploter contre la force centrifuge de la lumière : organiser les moyens de capter et d’orienter les puissances.
N’avoir pour certitude que deux choses : désapprendre du jour précédent ; se défaire du poids du jour suivant.
L’année se termine demain (...) -
contre ce mur surgi
27 octobre 2010, par arnaud maïsettiWonderwall (Ryan Adams [reprise de Oasis], ’Love Is Hell’)
Hélas, les yeux fragmentés, portant au loin et tristes, permettraient peut-être de mesurer les distances, mais n’indiquent pas les directions. Le champ infini des possibles s’étend, et si, par hasard, le réel se présentait devant nous, il serait tellement en dehors des possibles que, dans un brusque étourdissement, allant taper contre ce mur surgi, nous tomberions à la renverse. Marcel Proust, (La Prisonnière)
Murs à droite, à gauche, (...) -
sur le fil, bras tendus
25 décembre 2009, par arnaud maïsettiFranchir sans regard pour le vide qui se déplace à chaque pas sous le corps, un jour après l’autre, tendre les bras comme un funambule, mais c’est de marcher que je m’endors, alors je vais ; et un pas dans le vide retarde le vide encore : je n’ai pas peur.
Il fait grand ciel bleu aujourd’hui, et les nuages d’hier, où sont-ils ? Dans le rêve d’hier, c’étaient, sur de grands paysages, des nuages qui sortaient du sol et qui prenaient la place de la surface du monde. Je marche sur des reliefs transitoires, (...) -
Radiohead | Mais simplement
22 juillet 2009, par arnaud maïsettiTrue love waits| Radiohead
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foules
10 mars 2010, par arnaud maïsettiLes soirs de matchs, dans la ville, c’est le même grouillement : on voit des rangées de cars de police, des chiens, des foules emportées par le même pas vers le stade, de l’autre côté du cimetière près duquel je vis et d’où je les vois.
Dans le froid nouveau, le vent âpre, ils ralentissent à peine. Le soir, on entendra par moments des éclats de bruits, et de là où vient la lumière haute nous reviendra un peu le relent des défaites, des victoires, qu’importe demain on parlera du match suivant.
Mais cette (...) -
histoire de lignes
7 mars 2010, par arnaud maïsettiJ’ai fini par me rendre sur la ville de l’autre côté de la rive, par dessus le fleuve noir, passé par le pont qui surmonte ces emblavures de courant agité sur la base des colonnes — aurais aimé avoir été chargé de ces trois derniers jours comme d’un sac, et combien j’aurais donné pour le laisser glisser de mes épaules et le voir tomber, là, en bas.
Dans ce sac, il y aurait les pages impossibles à écrire, à lire, sans se brûler. Il y aurait la vie comme de la peau morte mais encore sous les ongles, du sang (...)